Couverture numéro 68

Penser avec Colette Guillaumin aujourd’hui

Coordonné par Maira Abreu, Jules Falquet, Dominique Fougeyrollas-Schwebel et Camille Noûs

Au travers d’une diversité de disciplines et de travaux empiriques basés sur des terrains variés, ce numéro illustre l’actualité de la pensée de Colette Guillaumin. Dès les années 1960, elle a été pionnière dans l’analyse de la race et du racisme grâce à une approche matérialiste des processus idéologiques de racialisation. À partir des années 1970, elle a enrichi l’étude de la naturalisation du sexe, en proposant le concept de sexage et d’appropriation des femmes par les hommes. Ce numéro est une invitation à lire et relire l’ensemble de ses écrits.

Introduction

Vous trouverez, en suivant ce lien, l’Introduction en version pdf

Sommaire

Sciences en danger, revues en lutte : éditorial

Dossier    :       Penser avec Colette Guillaumin aujourd’hui

Maira Abreu, Jules Falquet, Dominique Fougeyrollas-Schwebel et Camille Noûs
Colette Guillaumin : penser la race et le sexe, hier et aujourd’hui (Introduction)

Sara Garbagnoli et Camille Noûs
Questions minoritaires, réponses majeures : remarques sur la colère majoritaire

Estelle Miramond
Le confinement des femmes dans l’espace. Les apports de Colette Guillaumin à l’étude des politiques de lutte contre la traite des femmes

Hélène Nicolas et Camille Noûs
Du sexage en contexte colonial – L’exemple de Lifou, Kanaky-Nouvelle-Calédonie

Camille Noûs et Michèle Soriano
Sexitud : rapports d’appropriation et pratiques génocidaires. Une lecture de Colette Guillaumin par Angélica Gorodischer

Ryzlène Dahhan, Pauline Picot, Damien Trawalé, Claire Cossée, Aude Rabaud
Sur les traces de Colette Guillaumin : analyser des terrains contemporains à partir du couple notionnel « Majoritaires/minoritaires »

Maira Abreu
Présentation de deux articles antiracistes de Colette Guillaumin
(Droit et Liberté 1967, 1973)

Liste des travaux de Colette Guillaumin

Hors-champ

Laurie Laufer
Du rire à la joie : psychanalyse, féminisme et politique

Maira Abreu
Nosotras : un féminisme latino-américain dans le Paris des années 1970

Hommage

Danielle Chabaud-Rychter et Jacqueline Heinen
Hommage à Cynthia Cockburn

Notes de lecture

Stéphane Beaud. La France des Belhoumi. Portraits de famille (1977-2017) (Sebastián Pizarro Erazo)
— Sylvie Tissot. Gayfriendly. Acceptation et contrôle de l’homo-sexualité à Paris et à New-York (Camille Masclet)
— Sophie Vignon. Les femmes dans les manades en Camargue. « Faire comme un homme » et « garder sa féminité » (Emmanuel Beaubatie)
— Aurélie Damamme, Helena Hirata et Pascale Molinier (dir.). Travail, entre public, privé et intime. Comparaison et enjeux internationaux du care (Alizée Delpierre)
— Sylvie Steinberg (dir.), Christine Bard, Sandra Boehringer, Gabrielle Houbre, Didier Lett. Histoire des sexualités ((Elsa Neuville)

 

Résumés

GARBAGNOLI

Questions minoritaires, réponses majeures : remarques sur la colère majoritaire

En écho à diverses controverses sur le genre et sur la race qui ont traversé le champ politique français au cours des dernières années, les savoirs minoritaires se sont heurtés à une nouvelle vague de fortes résistances. En analysant les permanences rhétoriques du discours anti-minoritaire ainsi que ses spécificités actuelles (opposition à ladite « théorie du genre », rejet de la catégorie de race), l’article démontre que la pensée de Colette Guillaumin demeure pertinente pour analyser la logique et les enjeux de cette offensive. Dans tout son oeuvre, Guillaumin a réfléchi aux oppositions que soulève la prise de parole minoritaire et a contribué à forger les concepts ciblés par les attaques en cours (minoritaire, race, racisation).

Mots clés : féminisme, genre, racisme, racisation, anti-genre, études minoritaires, antiracisme

 

ABREU

 Nosotras : un féminisme latino-américain à Paris des années 1970

Cet article propose d’analyser la trajectoire du Groupe Latino-Américain des Femmes à Paris. Ce groupe, né en 1972, publie un bulletin bilingue (portugais et espagnol) Nosotras entre 1974 et 1976. C’est sur la base des textes qui y sont publiés et à partir des entretiens que j’ai cherché à comprendre comment ces femmes avaient théorisé leur propre oppression, comment elles avaient développé l’idée d’un « nous, les femmes » et d’une « spécificité latino-américaine ». À partir des problèmes posés par leur vécu en tant que femmes latino-américaines en Europe et de la prise en compte de leur impossibilité à séparer leurs multiples « appartenances », elles ont cherché à thématiser les diverses formes de domination subies tout comme à élaborer des stratégies de lutte et d’alliances leur permettant de faire face à cette réalité.

Mots clés : Féminisme, Amérique Latine, Militantisme, Anti-impérialisme, Migrations, Exil

 

NICOLAS

Du sexage en contexte colonial – L’exemple de Lifou, Kanaky-Nouvelle-Calédonie

Résumé

Cet article propose de faire dialoguer le concept de sexage avec des perspectives féministes décoloniales. En effet, ce concept est-il valide dans l’analyse de sociétés autres qu’occidentales, en particulier celles colonisées ? Si les rapports sociaux de sexe contemporains à Lifou, île de la Kanaky-Nouvelle-Calédonie, peuvent en effet être qualifiés de sexage, était-ce pour autant pertinent lors de l’époque précoloniale ? La colonisation a-t-elle par ailleurs imposé des formes de sexage extra-communautaires ? Quelles sont les résistances des femmes lifoues ? Et qu’apporte ce concept à l’analyse du genre en situation coloniale ?

Mots clés : Lifoue, sexage, décolonial, Nouvelle calédonie

 

MIRAMOND

Le confinement des femmes dans l’espace. Les apports de Colette Guillaumin à l’étude des politiques de lutte contre la traite des femmes

Résumé : S’appuyant sur la thèse de Colette Guillaumin selon laquelle le confinement dans l’espace est l’un des principaux moyens de l’appropriation de la classe des femmes par la classe des hommes, cet article montre comment les politiques internationales de prévention et de prise en charge des victimes de traite ont contribué au déploiement de logiques d’appropriation et d’immobilisation des femmes. Prenant pour terrain d’étude les programmes anti-traite développés entre le Laos et la Thaïlande, trois niveaux de confinement des femmes dans l’espace sont identifiés : la dissuasion et l’interdiction faites aux jeunes filles et femmes pauvres et non accompagnées de franchir des frontières internationales, l’immobilisation de celles identifiées comme victimes de traite dans des centres de réhabilitation, enfin l’incorporation de la clôture et du travail dévalorisé à travers les enseignements et règles diffusées dans ces espaces.

Mots-clés : politiques anti-traite ; centres de réhabilitation ; Laos ; Thaïlande ; confinement ; sexage.

 

SORIANO

Sexitud : rapports d’appropriation et pratiques génocidaires

Une lecture de Colette Guillaumin par Angélica Gorodischer

Résumé : Cet article interroge la lecture de la pensée de Colette Guillaumin par l’écrivaine féministe argentine Angélica Gorodischer à partir d’une de ses conférences de 2005 sur le « contrôle des corps ». Il examine par ailleurs l’actualité de cette pensée matérialiste en Argentine à travers sa diffusion, dix ans plus tard, dans la revue Mora. Dans les deux cas, la critique de l’idéologie naturaliste est mise en valeur ainsi que le dévoilement de la violence sociale, politique et économique qui perpétue la performativité des catégorisations issues de cette idéologie. Le sexage ne peut être conçu que dans ce continuum de la violence, symbolique et matérielle. L’hypothèse qui sous-tend cette réflexion serait que les convergences observées dans ce corpus limité sont un exemple parmi d’autres possibles, car la pensée féministe argentine croise de multiples façons la pensée matérialiste, très prégnante dans la tradition nationale.

Mots clés : Sexage, pratiques génocidaires, féminisme matérialiste, Gorodischer

 

UMRIS

Sur les traces de Colette Guillaumin : analyser des terrains contemporains à partir du couple notionnel « Majoritaires/minoritaires »  

Cette contribution repose sur un travail collectif entre membres du RT24 de l’AFS autour des propositions conceptuelles de C. Guillaumin. Celles-ci nous ont en effet permis d’analyser l’articulation des rapports sociaux et les processus de minorisation à l’œuvre sur nos différents terrains. Nous entendons ainsi contextualiser et questionner la conceptualisation de la relation « majoritaire/minoritaire », en l’articulant à d’autres concepts et théories, afin de la rendre opératoire. Notre analyse se décline selon trois axes complémentaires : montrer les ressorts symboliques de la minorisation à travers le concept de « forme mentale », réfléchir à la possible prise d’autonomie des minoritaires par rapport au majoritaire dans leurs façons de s’auto-définir, saisir les processus imbriqués de minorisation sexiste et raciste en jeu entre personnes racisées.

Mots-clés : majoritaire-minoritaire ; relations interethniques ; genre ; racisme ; homophobie, ethnicité

 

ACCIARI

La construction d’une pratique politique intersectionnelle dans les luttes des travailleuses domestiques au Brésil

Résumé :

Cet article propose une analyse des luttes des travailleuses domestiques au Brésil, à partir de deux recherches de terrain. Nous considérons l’imbrication du racisme, du sexisme et de l’inégalité de classe dans leurs vies et luttes, et dans leur rapport avec les mouvements noir, féministe et les syndicats de travailleurs. Si cette imbrication des rapports sociaux produit des formes d’oppression multiples, elle est également un ressort pour les luttes collectives des travailleuses domestiques leur permettant de former des alliances qui ont mené à la promulgation d’une loi garantissant des droits à la catégorie en 2015. Cependant, le caractère intersectionnel de leurs revendications a également produit des tensions et des conflits avec leurs alliés, limitant la portée de leur succès. 

Mots clés : intersectionnalité, travailleuses domestiques, Brésil, syndicats, mouvements sociaux

 

Laurie LAUFER

Du rire à la joie : psychanalyse, féminisme et politique

Résumé

En France, dans le sillage du mouvement de Mai 68, émerge spontanément et joyeusement le Mouvement de Libération des Femmes (MLF), à l’initiative d’Antoinette Fouque et de Monique Wittig. Au cœur de leur débat, de leur relecture critique des textes freudiens et lacaniens se trouvent pensé à nouveau frais le discours et la théorie de la psychanalyse sur « La femme », « le féminin », « la sexualité féminine » « la différence des sexes ». Les dogmes théoriques concernant « le continent noir » romantiquement évoqué ainsi par Freud sont revisités, voire renversés. Les querelles autour du terme même de « féminisme » produisent et ouvrent à d’autres discours. Freud a toujours considéré que la théorie psychanalytique était open to revision et Lacan que la psychanalyse gagnerait à être en « extension ». Que se passe-t-il lorsque la théorie et la pratique psychanalytiques rencontrent les discours féministes ? L’horizon s’ouvre-t-il pour le discours psychanalytique, sa théorie, sa pratique ? Une ouverture, une révision peuvent-elle s’opérer ? Un renversement du dogme, une nouvelle joie de la pratique analytique ?

Mots clés : PSYCHANALYSE – FÉMINISME – DIFFÉRENTIALISME – MATÉRIALISME – SEXUALITÉ – GENRE

Abstracts

Sara Garbagnoli and Camille NoûsMinoritized Question, Majoritized Answers: Notes on the Angry Majoritized

Echoing various controversies on gender and race that have arisen in the French political arena in recent years, minority knowledge has faced a new wave of strong resistance. By analyzing the rhetorical persistence of anti-minority discourse as well as its current specificities (opposition to the so-called “gender theory”, rejection of the category of race), the article shows the ongoing relevance of Colette Guillaumin’s ideas today in analyzing the rationale and stakes of this offensive. Throughout her work, Guillaumin has been engaged in reflecting on the oppositions raised by minority voices and has helped to forge the concepts targeted by the current attacks (minority, race, racization).

feminism – gender – racism – racization – anti-gender – minority studies – antiracism

Estelle Miramond – The Confinement of Women in Space. Colette Guillaumin’s Contributions to the Study of Policies against the Trafficking of Women

Based on Colette Guillaumin’s argument that confinement in space is one of the main means of appropriation of the class of women by the class of men, this article shows how international policies for the prevention and care of victims of trafficking have contributed to the deployment of logics of appropriation and immobilization of women. Taking the anti-trafficking programs developed between Laos and Thailand as a field of study, three levels of confinement of women in space are identified: the deterring and prohibiting of poor and unaccompanied girls and women from crossing international borders, the immobilization of those identified as victims of trafficking in rehabilitation centers, and finally the incorporation of closure and devalued work through the teachings and rules promoted in these spaces.

anti-trafficking policies – rehabilitation centers – Laos – Thailand – confinement – sexage

Hélène Nicolas and Camille Noûs – Sexage in the Colonial Context – The Example of Lifou, Kanaky-New Caledonia

This article attempts to establish a dialogue between the concept of sexage and decolonial feminist perspectives. Indeed, is this concept valid for the analysis of non-Western societies, especially those that have been colonized? If contemporary gender relations in Lifou, an island in Kanaky-New Caledonia, can indeed be qualified as sexage, was it the case during the pre-colonial era? Did colonization also impose extra-community forms of sexage? How do Lifou women resist? And what does this concept bring to gender analysis in a colonial context?

Lifoue – sexage – decolonial – New Caledonia

Camille Noûs and Michèle Soriano – Sexitud: Appropriation Relationships and Genocidal Practices. A Reading of Colette Guillaumin by Angélica Gorodischer

This article questions the reading of Colette Guillaumin’s thought by Argentinian feminist writer Angélica Gorodischer based on one of her lectures in 2005 on the “control of bodies”. It also examines the topicality of this materialist thought in Argentina through its publication, ten years later, in the Mora journal. In both cases, it focuses on the critique of the naturalist ideology and on the revelation of the social, political and economic violence that perpetuates the performativity of the categorizations stemming from this ideology. Sexage can only be understood within this continuum of symbolic and material violence. The underlying hypothesis is that the convergences observed in this limited corpus are one example among other possibilities, since Argentine feminist thought intersects in many ways with materialist thought, which is very much present in the Argentinian context.

Sexage – genocidal practices – materialist feminism – Gorodischer

  1. R. Dahhan, P. Picot, D. Trawalé, C. Cossée, A. Rabaud – In the Footsteps of Colette Guillaumin: Analyzing Contemporary Fieldworks Using the “Majority/Minoritzed” Notional Pair

This contribution is the result of a collective work of members of the RT24 network of the French Sociological Association (AFS) around the concepts proposed by C. Guillaumin. The latter have enabled us to analyze the articulation of social relations and the processes of minoritization at work in our various terrains. Our intention is to contextualize and question the conceptualization of the “majority/minoritized” relationship, by linking it to other concepts and theories, in order to make it operational. Our analysis is structured around three axes that complement one another: to show the symbolic forces of minoritization through the concept of “mental form”, to think about the possible autonomy of minorities in relation to the majority in their ways of self-defining, and to capture the interlocking processes of sexist and racist minoritization at work between racialized people.

majority-minoritized – interethnic relations – gender – racism – homophobia – ethnicity

Laurie Laufer – From Laughter to Joy: Psychoanalysis, Feminism and Politiques

Open to revision: this is Freud’s expression to describe psychoanalytic theory. A few decades later, Lacan would speak of psychoanalysis in ‘extension’. What happens when feminist approaches intersect with analytical practice and theory? This article proposes a study of the effects of this encounter that took place in the years following 1968, when the Women’s Liberation Movement (MLF) emerged in France amidst the struggles and joyful effervescence of the time. In the context of disputes over the term « feminism » itself, the work of Antoinette Fouque and Monique Wittig, and the development of materialist and differentialist tendencies, psychoanalysis also became an object of debate. The discourse and theory of psychoanalysis on “the woman”, “the feminine”, “feminine sexuality”, “the difference between the sexes” were revisited, challenged and discussed. The excitement and energy of the time opened new horizons and an extension for psychoanalysis, caught and exposed in the issues of the time.

gender – psychoanalysis – feminism – sexuality – Freud – Wittig – Fouque

Maira Abreu – Nosotras: Latin American Feminism in Paris in the 1970s

This article examines the trajectory of the Latin American Women’s Group in Paris. Formed in 1972, this group published the bilingual (Portuguese and Spanish) newsletter Nosotras between 1974 and 1976. Based on the texts published in this newsletter and interviews, I have tried to understand how these women theorized their own oppression, how they developed the idea of “we, the women” and of a “Latin American specificity”. Based on the problems they were facing as Latin American women in Europe and the fact that it was impossible to separate their multiple “affiliations”, they sought to thematize the various forms of domination they experienced and to develop strategies of struggle and alliances to confront this reality.

feminism latin america activism anti-imperialism migration exile

Resúmenes

Sara Garbagnoli y Camille Noûs – Preguntas minoritarias, respuestas mayores: comentarios sobre la ira de lxs mayoritarixs

Paralelamente a las diversas controversias sobre género y raza que han atravesado la arena política francesa en los últimos años, el conocimiento minoritario se ha encontrado con una nueva ola de fuerte resistencia. Analizando la persistencia retórica del discurso anti-minorítarixs así como sus especificidades actuales (oposición a la llamada « teoría del género », rechazo de la categoría de la raza), el artículo muestra que el pensamiento de Colette Guillaumin sigue siendo relevante para analizar la lógica y lo que esta en juego en esta ofensiva. A lo largo de su trabajo, Guillaumin ha reflexionado sobre las oposiciones que surgen frente a los discursos minoritarios y ha contribuido a forjar los conceptos que son objeto de los ataques actuales (minorítarixs, raza, racialización).

feminismo – género – racismo – racialización – antigénero – estudios de minorías – antirracismo

Estelle Miramond – El confinamiento de las mujeres en el espacio. Los aportes de Colette Guillaumin al estudio de las políticas de lucha contra la trata de mujeres

Basándose en la tesis de Colette Guillaumin de que el confinamiento en el espacio es uno de los principales medios de apropiación de la clase de las mujeres por la clase de los hombres, este artículo muestra cómo las políticas internacionales de prevención y atención a las víctimas de la trata han contribuido al despliegue de lógicas de apropiación e inmovilización de las mujeres. Tomando como campo de estudio los programas de lucha contra la trata desarrollados entre Laos y Tailandia, se identifican tres niveles de confinamiento de las mujeres en el espacio: disuasión y prohibición de que las niñas y mujeres pobres y no acompañadas crucen las fronteras internacionales, inmovilización de las mujeres y niñas identificadas como víctimas de la trata en los centros de rehabilitación y, por último, incorporación de la clausura y del trabajo desvalorizado a través de los aleccionamientos y normas difundidas en estos espacios.

políticas contra la trata de personas – centros de rehabilitación – Laos – Tailandia – confinamiento – sexaje

Hélène Nicolas y Camille Noûs – Sexaje en un contexto colonial – El ejemplo de Lifou, Kanaky-Nueva Caledonia

Este artículo propone un diálogo entre el concepto de sexaje y las perspectivas feministas decoloniales. De hecho, ¿es válido el concepto de sexaje para el análisis de las sociedades no occidentales, especialmente las que han sido colonizadas? Si las contemporáneas en Lifou, isla de Kanaky-Nueva Caledonia, pueden efectivamente ser calificadas como sexaje, ¿era esto el caso durante la era precolonial? ¿Será además que la colonización impuso formas de sexaje extracomunitarias? ¿Cuáles son las resistencias de las mujeres de Lifou? ¿Y qué aporta este concepto al análisis de género en las situaciones coloniales?

Lifou – sexaje – decolonial – Nueva Caledonia

Camille Noûs y Michèle Soriano – Sexitud: relaciones de apropiación y prácticas genocidas. Una lectura de Colette Guillaumin por Angélica Gorodischer

Este artículo analiza la lectura del pensamiento de Colette Guillaumin por la escritora feminista argentina Angélica Gorodischer a partir de una de sus conferencias de 2005 sobre el « control de los cuerpos ». También examina la actualidad de este pensamiento materialista en Argentina a través de su publicación, diez años después, en la revista Mora. En ambos casos, se destaca la crítica de la ideología naturalista y la revelación de la violencia social, política y económica que perpetúa la performatividad de las categorizaciones derivadas de esta ideología. El sexaje sólo puede concebirse dentro de este continuo de violencia, tanto simbólica como material. La hipótesis que subyace a esta reflexión sería que las convergencias observadas en este limitado corpus son un ejemplo entre otros posibles, ya que el pensamiento feminista argentino se cruza en muchos aspectos con el pensamiento materialista, muy vivo en la tradición nacional.

Sexaje – practicas genocidas – feminismo materialista genocidal practices – materialist feminism – Gorodischer

Ryzlène Dahhan, Pauline Picot, Damien Trawalé, Claire Cossée, Aude RabaudSiguiendo los pasos de Colette Guillaumin: analizando terrenos contemporáneos con la pareja nocional “Mayoritarixs/Minoritarixs”

Esta contribución se basa en un trabajo colectivo entre varias personas que hacen parte del RT24 de la AFS en torno a las propuestas conceptuales de C. Guillaumin. Estas nos han permitido analizar la articulación de las relaciones sociales y de los procesos de minorización que se observan en nuestros diversos campos. Así pues, nos proponemos contextualizar y cuestionar la conceptualización de la relación « mayoritarixs/minoritarixs« , vinculándola a otros conceptos y teorías, para hacerla operativa. Nuestro análisis se divide en tres ejes complementarios: mostrar las lógicas simbólicas de la minorización a través del concepto de « forma mental », reflexionar sobre la posible autonomización de lxs minoritarixs en relación con el mayoritario en sus formas de autodefinición, y captar los procesos imbricados de minorización sexista y racista que se dan entre personas racializadas.

mayoritarix-minoritarix – relaciones interétnicas – género – racismo – homofobia – etnicidad

Laurie Laufer – De la risa a la alegría: psicoanálisis, feminismo et política

Open to revision: esta es la expresión de Freud para describir la teoría psicoanalítica; unas décadas más tarde, Lacan hablaría de un psicoanálisis en « extensión ». ¿Qué sucede cuando las corrientes feministas se cruzan con la práctica y la teoría analítica?

Este artículo propone un estudio de los efectos de un encuentro, el que tuvo lugar en los años posteriores a 68, cuando el Movimiento de Liberación de la Mujer (FML) apareció en la lucha y la efervescencia alegre del momento. En el contexto de las disputas sobre el propio término « feminismo », las obras de Antoinette Fouque y Monique Wittig, y del despliegue de las corrientes materialistas y diferencialistas, el psicoanálisis también se convierte en tema de debate. El discurso y la teoría del psicoanálisis sobre « la mujer », « lo femenino », « la sexualidad femenina », « la diferencia entre los sexos » son revisados, cuestionados y discutidos. Estas efervescencia y energía abren así nuevos horizontes y una extensión al psicoanálisis, tomado y presente en las preguntas del momento.

Género – psicoanálisis – feminismo – sexualidad – Freud – Wittig – Fouque

Maira Abreu – Nosotras: un feminismo latinoamericano en París en los años 70

Este artículo propone analizar la trayectoria del Grupo Latinoamericano de Mujeres en París. Este grupo, nacido en 1972, publicó un boletín bilingüe (portugués y español) Nosotras entre 1974 y 1976. Sobre la base de los textos publicados allí publicados y de entrevistas, traté de comprender cómo estas mujeres habían teorizado su propia opresión, cómo habían desarrollado la idea de un « nosotras, las mujeres » y de una « especificidad latinoamericana ». A partir de los problemas planteados por su vivencia como mujeres latinoamericanas en Europa y del reconocimiento de que es imposible separar sus múltiples « pertenencias », buscaron tematizar las diversas formas de dominación sufridas y desarrollar estrategias de lucha y alianzas para enfrentar esta realidad.

feminismo – América latina – militancia – antiimperialismo – migración – exilio

Auteur•es

Maira Abreu est post-doctorante au GTM-Cresppa/USP-Fapesp. Ses recherches portent sur les mouvements et théorisations féministes des années 1970 et 1980 en France. Elle a publié notamment Feminismo no exílio : o Círculo de Mulheres Brasileiras em Paris e o Grupo Latino-Americano de Mulheres em Paris [Féminisme en exil : le Cercle des Femmes Brésiliennes à Paris et le Groupe Latino-Américain de Femmes à Paris], São Paulo, Alameda, 2016. D’autres publications :

– (2017).  « De quelle histoire le ‟féminisme matérialiste” (français) est-il le nom ? », Comment s’en Sortir ? 4, p. 55-79.

– Avec Adília Carvalho (2014). « Sisterhood is powerful: exílio e mobilizações feministas na França em apoio às ‘Três Marias’ » [Sisterhood is powerful: exil et mobilisations féministes en France en soutien aux ‟Trois Marias” » ]. Lutas Sociais, São Paulo, 18 (32), p. 133-147.

mairabreu@yahoo.com

 

Claire Cossée est maîtresse de conférences en sociologie à l’Université Paris Est-Créteil, chercheure au LIRTES. Elle mène des recherches sur le racisme institutionnel, sur les espaces de prise de parole et les mobilisations des minoritaires.

– (2016). « Colette Guillaumin et les différents visages de la culture : une lecture diachronique ». In Cervulle Maxime, Quemener Nelly, Vörös Florian (dir.). Matérialismes, culture et communication. Paris, Presses des Mines.

– (2016). « Le statut ‟gens du voyage” comme institution de l’antitsiganisme en France ». Migrations Société, 28 (163).

claire.cossee@u-pec.fr

 

Ryzlène Dahhan, docteure en sociologie, est attachée temporaire d’enseignement et de recherche à l’Université de Bretagne occidentale, chercheure associée à l’URMIS et au LABERS. Elle travaille sur les relations entre minoritaires et sur l’ethnicité dans la ville.

– (2017), « Relations interethniques dans un espace urbain ségrégué. Une étude de cas de l’insertion des Roms dans un marché à la périphérie de Nice », Revue européenne des migrations internationales, 32 (1).

ryzlene.dahhan@unice.fr

 

Jules Falquet est sociologue, enseignante-chercheuse HDR à l’Université de Paris, membre du CEDREF (Centre d’Ensei-gnement, de Documentation et de Recherches pour les Etudes Féministes) − LCSP (Laboratoire du Changement Social et Politiques). Elle travaille tout spécialement sur les effets de la mondialisation néolibérale, les mouvements sociaux latino-américains et des Caraïbes, l’imbrication des rapports sociaux et l’épistémologie féministe. Parmi ses derniers ouvrages : 

Imbrication. Femmes, race et classe dans les mouvements sociaux. 2020. Paris : Le Croquant.

Pax Neoliberalia. Perspectives féministes sur (la réorganisation de) la violence. 2016. Paris : Éditions iXe. En espagnol (2017) : Pax Neoliberalia. Perspectivas feministas sobre (la reorganización de) la violencia. Buenos Aires : Madreselva.

jules.falquet@univ-paris-diderot.fr

 

Dominique Fougeyrollas-Schwebel, sociologue, IRISSO (Institut de recherche interdisciplinaire en sciences sociales) – CNRS-Université Paris Dauphine-PSL. Ses travaux portent principalement sur le féminisme, sur la relation de service (services domestiques transformations du salariat), et sur les nouvelles approches de la ­violence à l’encontre des femmes (normes sociales et institutionnelles).

– Domesticité in Dictionnaire des inégalités, Bihr A., Pfefferkorn R. (dir.), Paris : Armand Colin, 2014, p. 115-116.

– « Le féminisme des années 1970 », in Fauré Ch. (dir.), Nouvelle encyclopédie politique et historique des femmes, Paris : Les Belles lettres, édition revue et augmentée, 2010.

Dominique.FOUGEYROLLAS@dauphine.fr

 

Sociologue et féministe, Sara Garbagnoli est chercheuse associée au LEGS (C.N.R.S., Université Paris 8, Université Paris Nanterre). Ses recherches portent sur la théorie féministe, l’analyse du discours et la sociologie des mouvements sociaux. Avec Massimo Prearo elle est l’auteure de La croisade « anti-gender ». Du Vatican aux manifs pour tous (Textuel 2017). Elle a participé à l’ouvrage Antiféminismes et masculinismes dhier et d’aujourd’hui dirigé par C. Bard, M. Blais et F. Dupuis-Déri (PUF, 2019). Avec V. Ribeiro Corossacz et V. Perilli, elle a traduit et préfacé Sexe, race et pratique du pouvoir de Colette Guillaumin (Sesso, razza e pratica del potere, Ombre Corte, 2020).

sara.garbagnoli@gmail.com

 

Laurie Laufer est psychanalyste et professeure à l’UFR Institut des Humanités Sciences et Sociétés (IHSS) à l’Université Paris Diderot. Elle est directrice du laboratoire « Centre de recherche Psychanalyse et Médecine et Société » (CRPMS, EA 3522). Auteure de nombreux articles sur les questions de normes, psychanalyse et genre et sur la psychanalyse et la littérature, elle a codirigé avec Amos Squverer l’ouvrage Foucault et la psychanalyse (Hermann, 2015) et avec Florence Rochefort Qu’est-ce que le genre ? chez Payot en 2014, (traduit en espagnol, italien), et Lettres à Lacan, chez Thierry Marchaisse en 2018 et avec Sandra Boehringer Après Les Aveux de la chair. Généalogie du sujet chez Michel Foucault, EPEL 2020.

laurie.laufer@univ-paris-diderot.fr

 

Estelle Miramond est doctorante en Sociologie et Genre au Laboratoire de Changement Social et Politique et ATER à l’Université Paris Diderot. En 2014, elle engage une thèse sur les paradoxes de la lutte contre la traite des femmes entre le Laos et la Thaïlande sous la direction de Jules Falquet et Vanina Bouté. Spécialisée sur les questions de migration, de travail et de traite, elle a participé en 2018 à un programme de recherche communautaire de l’IRD sur la santé sexuelle et reproductive des migrantes en RDP Lao. En 2016, elle a coordonné le numéro des Cahiers du CEDREF consacré à L’inter-sectionnalité à l’épreuve du terrain et participé à un ouvrage collectif sur l’Organisation Internationale des Migrations avec le chapitre « Humanitarian Detentions and Deportations. Anti-Trafficking for Lao Migrants » (coordination Martin Geiger et Antoine Pécoud, Editions Palgrave, 2020).

estelle.miramond@gmail.com

 

Hélène Nicolas est maîtresse de conférences en anthropologie du genre, dans le département d’étude de genre de l’université Paris8-Vincennes-Saint-Denis et au laboratoire d’études de genre et de sexualité (LEGS). Elle travaille sur les rituels matrimoniaux lifous comme rites d’institution du patriarcat local et analyse l’impact colonial sur le système de genre lifou, en Kanaky Nouvelle-Calédonie. Voir notamment « Devenir époux/épouse. Les premiers amours comme socialisation à une conjugalité violente (Lifou, Kanaky-Nouvelle-Calédonie) », Genre, sexualité & société, 15, printemps 2016, et « Patriarcat kanak, patriarcat colonial », Mouvements, 91 (121), automne 2017.

helene.nicolas35@gmail.com

 

Camille Noûs est un consortium scientifique créé pour affirmer le caractère collaboratif et ouvert de la création et de la diffusion des savoirs, sous le contrôle de la communauté académique. Ce collectif scientifique, comme Bourbaki, Henri Paul de Saint Gervais ou Arthur Besse en mathématiques, ou Isadore Nabi en biologie, prend l’identité d’une personnalité scientifique qui incarne la contribution collective de la communauté académique. Plus précisément, Camille Noûs est un individu collectif qui symbolise notre attachement profond aux valeurs d’éthique et de probation que porte le débat contradictoire, elle est insensible aux indicateurs élaborés par le management institutionnel de la recherche, elle sait ce que nos résultats doivent à la construction collective. C’est le sens du « Noûs», porteur d’un Nous collégial mais faisant surtout référence au concept de “raison” (ou “esprit” ou “intellect”) hérité de la philosophie grecque.

http://www.cogitamus.fr/

camille.nous@cogitimus.com

Pauline Picot est docteure en sociologie, attachée temporaire d’enseignement et de recherche à l’Université Paris Est-Créteil, chercheure associée à l’URMIS et au LIRTES. Elle travaille sur les mobilisations antiracistes en Île-de-France et sur les rapports sociaux.

– (à paraître 2020). « Enjeux d’une non-mixité de fait dans les mobilisations antiracistes franciliennes : construire un ‟Nous” mobilisé », Métropolitiques.

– Cambervelle Kevin, Guyonnet Thomas, Picot Pauline, Ousseni Anaïs (2020). « Enquêter sur les rapports sociaux de race. Retour collectif sur quatre enquêtes de terrain ». In Le Roulley Simon et Mathieu Uhel (dir.). Chercheur·e·s critiques en terrains critiques. Lormont, Le Bord de l’eau.

picot.pauline@orange.fr

 

Aude Rabaud est maîtresse de conférences en sociologie à l’Université de Paris (site Diderot), chercheure à l’URMIS. Elle travaille sur les processus de minorisation et l’expérience du racisme dans des espaces résidentiels stigmatisés.

– Fabrice Dhume, Xavier Dunezat, Camille Gourdeau, Aude Rabaud (2020). Du racisme d’État en France ? Lormont, Le Bord de l’eau.

– Gourdeau Camille, Rabaud Aude (2019). « La nation, une et indivisible ? ». In Fondation Copernic (dir.). Manuel indocile de sciences sociales. Pour des savoirs résistants. Paris, La Découverte.

aude.rabaud@univ-paris-diderot.fr

 

Michèle Soriano, PhD Université de Pittsburgh, professeure de culture latino-américaine à Université Toulouse – Jean Jaurès. Parmi ses dernières publications : « Pour un féminisme « métis », la pensée de Maria Luisa Femenías », revue Iberic@l [en ligne] N. 13 – printemps 2018 « Le concept de genre dans les mondes hispanophones et lusophones : des discours théoriques aux imaginaires des créations », http://iberical.paris-sorbonne.fr/; « El discurso feminista y su traducción en la novela policial: exploraciones del contra-archivo en las translaciones », Ángeles Ciprés Palacín & Isabelle Marc, Canon et écrits de femmes en France et en Espagne dans l’actualité (2011-2016) /Canon y escritos de mujeres en Francia y en España en la actualidad (2011-2016), Peter Lang, 2020.

soriano.michele@yahoo.fr

Damien Trawalé est docteur en sociologie, enseignant contractuel à l’Université Paris Est-Créteil, chercheur associé à l’URMIS et au LIRTES. Il mène des recherches sur l’articulation du racisme et de l’homophobie en France, sur la structuration complexe des inégalités sociales et des modes de résistance qu’elles suscitent.

– avec Poiret Christian (2017). « Black Gay Paris: From Invisibilization to the Difficult Alliance of Black and Gay Politics », African and Black Diaspora: An International Journal, vol. 10, n°1.

– (2017). « Etre interpellé en tant que gay noir dans la France contemporaine : Tensions subjectives et hiérarchisations identificatoires ». Les Cahiers du CEDREF, 21.

damien.trawale@gmail.com

Cahiers du Genre n°68/2020

octobre 2020, 270 p.

ISBN : 978-2-343-20987-6

EAN : 9782343209876

ISSN : 1298-6046