La violence, les mots, le corps

Coordonné par Dominique Fougeyrollas-Schwebel, Helena Hirata et Danièle Senotier

Introduction

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Sommaire

 Dossier

Dominique Fougeyrollas-Schwebel, Helena Hirata, Danièle Senotier
Introduction [p. 5-20]

Françoise Héritier
Quels fondements de la violence ? [p. 21-44]

Dominique Fougeyrollas-Schwebel et Maryse Jaspard
Compter les violences envers les femmes. Contexte institutionnel et théorique de l’enquête ENVEFF [p. 45-70]

Marylène Lieber
La double invisibilité des violences faites aux femmes dans les contrats locaux de sécurité français [p. 71-94]

Corinne Lanzarini
Survivre à la rue. Violences faites aux femmes et relations aux institutions d’aide sociale [p. 95-115]

Michèle Salmona
Des paysannes en France : violences, ruses et résistances [p. 117-140]

Marie Pezé
Corps et travail [p. 141-164]

Claudia de Gasparo
Harcèlement moral et sexuel : une approche sociologique [p. 165-187]

Maria Bernardete Ferreira de Macêdo
Femmes de ménage et veilleurs de nuit : une approche sexuée du travail précaire dans un hôtel en France (Enquête) [p. 189-208]

Hors-champ

Dominique Memmi
Une situation sans issues ? Maîtres et domestiques dans le cinéma anglais et français [p. 209-235]

Notes de lecture

— Marie-Hélène Bourcier. Queer Zones. Politiques des identités sexuelles, des représentations et des savoirs (Pascale Molinier)

— Danielle Chabaud-Rychter, Delphine Gardey (eds). L’engendrement des choses. Des hommes, des femmes et des techniques (Grégoire Mallard)

— Sylvie Schweitzer. Les femmes ont toujours travaillé. Une histoire du travail des femmes aux XIXe et XXe siècles (Marie-Hélène Zylberberg-Hocquard)

— Sextant « Domesticité ». Eliane Gubin, Valérie Piette (eds) (Emmanuelle Lada)

— Rose-Marie Lagrave, Agathe Gestin, Eléonore Lépinard, Geneviève Pruvost (eds). Dissemblances. Jeux et enjeux du genre (Anne-Marie Devreux)

— Houria Alami M’Chichi. Genre et politique au Maroc. Les enjeux de l’égalité hommes-femmes entre islamisme et modernisme (Meriem Rodary)

— Colette Guillaumin. L’idéologie raciste. Genèse et langage actuel (Dolorès Pourette)

— Sonya Michel, Rianne Mahon. Child care policy at crossroads: Gender and welfare state restructuring (Heini Martiskainen)

— Philippe Zarifian. À quoi sert le travail ? (Jean-Robin Merlin)

[p. 237-263]

Notes de lecture numéro 35

Résumés

Françoise Héritier — Quel fondements de la violence ?

Plutôt qu’un état pulsionnel consubstantiel à l’être humain, la violence serait une réaction à l’état de sociabilité. Des constantes mettent en première place l’obligation de se définir par opposition et le classement entre même et différent est à la base du sentiment d’appartenance. Celui-ci se coule dans deux moules : l’entre-soi de la consanguinité et du territoire, et celui du genre. Des besoins et affects universels sont pris dans les métaphores du corps, du territoire, de l’aînesse. C’est leur manipulation plus ou moins organisée qui est créatrice de violence. Il y a donc une logique de l’intolérance, dont des exemples sont donnés. Une éthique universelle, à construire, est cependant possible.

Dominique Fougeyrollas-Schwebel et Maryse Jaspard — Compter les violences envers les femmes. Contexte institutionnel et théorique de l’enquête ENVEFF

Le débat sur les violences envers les femmes émerge aujourd’hui sur le devant de la scène médiatique. Le phénomène est traité comme un sujet d’actualité, comme un problème qui affecte l’ensemble de la société française. Les résultats de l’Enquête nationale sur les violences envers les femmes en France (ENVEFF), les seuls disponibles en France, alimentent les discussions. Dans le milieu scientifique, la légitimité de ce thème de recherche rencontre encore quelques détracteurs. Pourtant, la perception sociale et politique du phénomène s’est radicalement transformée depuis 1997, année où le projet de cette enquête a vu le jour. Cette année-là, dans une conjoncture internationale très sensibilisée à cette thématique, le contexte scientifique et politique français est particulier : au regard des pays d’Europe du nord, la France se doit de rattraper son retard sur la question, mais le milieu scientifique, y compris les chercheuses féministes, reste relativement circonspect. Afin de mieux cerner ce contexte, cet article propose une mise en perspective historique de l’évolution des politiques publiques, des recherches et des débats des militantes féministes depuis le début de leur mouvement jusqu’au moment où les représentants de l’État commanditent l’enquête ENVEFF.

Marylène Lieber — La double invisibilité des violences faites aux femmes dans les contrats locaux de sécurité français

Cet article explore la façon dont les contrats locaux de sécurité (CLS), forme récente des politiques locales de sécurité, appréhendent les « violences envers les femmes ». Il réfléchit à la signification que prend cette notion lorsqu’elle est appliquée concrètement aux politiques municipales. L’étude de dix contrats récents met en lumière le fait qu’ils peinent à prendre en considération cette dimension. Seul le cas de Paris semble rompre avec cet état de fait. Toutefois, l’analyse des politiques mises en œuvre dans cette ville révèle non seulement une distinction entre violences se déroulant dans l’espace privé et dans l’espace public, mais encore une occultation d’un point de vue féministe en faveur d’une optique psychologisante. On peut donc dire qu’on assiste à une double invisibilisation des violences envers les femmes.

Corinne Lanzarini — Survivre à la rue. Violences faites aux femmes et relations aux institutions d’aide sociale

Une analyse différenciée des violences institutionnelles et des violences entre pairs montre que les femmes sont sans cesse assignées à leurs attributs dits « féminins ». Que ce soit les institutions qui tentent de les éduquer dans un cadre domestique ou leurs pairs masculins qui utilisent leurs « faiblesses » pour les engager dans une dépendance sexuelle. La fuite des uns aboutit à une nouvelle dépendance vis-à-vis des institutions d’aide sociale. Ces dernières, loin de soutenir ou de créer une nouvelle organisation de vie, vont renforcer et tenter de faire perdurer des rôles traditionnels quant aux femmes et aux hommes à la rue : la femme dans l’espace domestique dont elle est comptable, et l’homme dans la sphère professionnelle.

Michèle Salmona — Des paysannes en France : violences, ruses et résistances

Les agricultrices françaises, durant les cinquante dernières années, malgré les difficultés de leur condition de femmes et de rurales (violences professionnelles, économiques, sociales, etc.), grâce aux stratégies individuelles et collectives qu’elles ont élaborées et déployées, sont en réalité, pour une part d’entre elles, en pointe dans les mouvements d’idées et l’expérimentation des choix techniques et économiques qu’ils véhiculent : les mouvements liés au développement durable, mais également ceux qui promeuvent des modes d’organisation originaux basés sur une solidarité étroite avec les associations de consommateurs, et l’agriculture biologique de type familial. Ces mouvements d’idées et ces choix permettent d’envisager une « autre mondialisation » et « un aménagement du territoire différent ». Le territoire porte des réseaux d’agricultrices qui retrouvent et réhabilitent les dimensions locales patrimoniales de ce dernier : ce travail les entraîne à un apprentissage d’une pensée politique et à des actions spécifiques liées à cette pensée.

Marie Pezé — Corps et travail

À l’hôpital, limiter son regard thérapeutique à la construction du corps érotique au travers des aléas de l’histoire infantile alors que le travail (sa réglementation, son organisation, sa conception ergonomique, son coût, ses effets organiques et psychiques) pénètre en force le matériel, est une posture clinique impossible à maintenir. Il apparaît plus fructueux de « suivre » les patients dans leurs ateliers, leurs usines, leurs bureaux. On perçoit alors la centralité du travail dans les enjeux de la construction identitaire et les contraintes puissantes qu’exerce, au travers du travail, le champ social sur l’identité sexuelle souvent plus soumise aux caractéristiques sociales du masculin et du féminin qu’à la véritable perception de la différence des sexes.

Claudia de Gasparo — Harcèlement moral et sexuel : une approche sociologique

Encore marginale dans ce débat, la sociologie permet d’analyser le harcèlement moral comme un processus et comme le produit de rapports sociaux bien déterminés. Cet article se base sur une enquête menée à partir des dossiers d’une centaine de personnes « harcelées ». Une des hypothèses formulée est que la notion de harcèlement moral permet d’éviter ou de canaliser des conflits sociaux en dissimulant l’existence de rapports sociaux antagoniques et ainsi masquer sous l’« étiquette » de harcèlement moral des discriminations syndicales, de genre, racistes, ou encore liées à l’âge ou à un handicap. Ainsi, des réalités qui sont l’expression de rapports sociaux de sexe, comme le sexisme ou le harcèlement sexuel, peuvent glisser du social à l’interindividuel et ne pas apparaître en tant que telles.

Enquête

Maria Bernardete Ferreira de Macêdo — Femmes de ménage et veilleurs de nuit : une approche sexuée du travail précaire dans un hôtel en France

Le présent article résulte d’une enquête d’observation participante sur le travail des femmes de ménage et des veilleurs de nuit dans un hôtel en France. Ces activités, effectuées dans un cadre de « travail précaire », impliquent toutes deux un engagement du corps, une disponibilité, une adaptabilité, une organisation sociale et technique, une coopération entre les acteurs, qui loin d’être symétriques mettent en évidence la différenciation sexuée au travail. Les femmes de chambre vivent la précarité du travail à travers une disponibilité permanente liée à l’incertitude quant à la durée du travail, l’irrégularité des horaires, la soumission aux exigences de la clientèle et du marché. Ségrégation, sexuelle ou en fonction de la couleur de peau, ségrégation professionnelle, vulnérabilité des femmes face à l’employeur, dévalorisation sociale et économique : tous ces facteurs se conjuguent sur ce poste de travail dont la place est centrale au fonctionnement de l’hôtel. De leur côté, les veilleurs de nuit, tous diplômés de l’enseignement supérieur, s’ils ne subissent pas les mêmes fluctuations, vivent la précarisation à travers un travail qu’ils jugent socialement et économiquement dévalorisant.

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Dominique Memmi — Une situation sans issues ? Le difficile face à face entre maîtres et domestiques dans le cinéma anglais et français

La relation maître-domestique est exemplaire d’une relation de domination spécifique : celle qui s’exerce dans un constant face à face. Or elle se décline de façon à la fois commune et divergente dans le cinéma français et anglais des années trente à nos jours. Reflet du réel social ? On suggère ici que ce qui se livre de cette relation de domination c’est plutôt l’univers des pensables propre à un groupe social spécifique : celui des cinéastes. Car le matériau filmique peut aussi être considéré comme un lieu parmi d’autres où se choisissent et se « testent » dans l’imaginaire des solutions à des problèmes générateurs d’angoisse sociale.

Abstracts

Françoise Héritier — Where are the bases of violence?

Rather than an instinctive state inherent to human beings, violence is a reaction to socialization. Constant elements impel the need for self-definition by opposition and the classification into same and different is at the basis of a feeling of belonging. This is shaped by two moulds: the “among our own kind” of consanguinity and territory, and that of gender. Universal needs and affective states are expressed in metaphors of the body, the territory, seniority. It is the more or less organized manipulation of these that creates violence. There is thus a logic of intolerance, of which examples are given. A universal ethics, still to be built, is however possible.

Dominique Fougeyrollas-Schwebel and Maryse Jaspard — Counting violence against women. Institutional and theoretical context of the ENVEFF survey

The debate on violence against women has emerged today in the forefront of media concerns. It is treated as a current affair topic, as a problem that affects the whole of French society. The results of the National Survey of Violence Against Women in France (ENVEFF), the only available one in France, feed this discussion. In scientific circles, there are still those who decry its legitimacy as a research topic. However, the social and political perception of this phenomenon has radically changed since 1997, the year when the idea of a quantitative investigation into violence against women in France was launched. That year, in an international context that was very sensitive to this theme, the French scientific and political context was specific. Compared to the countries of Northern Europe, France had to make up for lost time on the question, but scientific circles, including feminist researchers, remained relatively circumspect. In order to better understand this context, this article sets in historical perspective the evolution of public policies, and the research and debates of feminist activists from the beginning of the women’s movement up to the time that the government commissioned the ENVEFF survey.

Marylène Lieber — The double invisibility of the violences made to the women in the local contracts of French safety

This article explores the way in which local security contracts (CLS), recent form of local security “law and order” policies, deal with “violence against women”. It considers the significance of this concept when applied concretely to municipal policies. The study of ten recent contracts shows that they find it difficult to take account of this dimension. Only the case of Paris seems to break with this rule. However, an analysis of the functioning of municipal policies reveals not only a distinction in practice between domestic (private) violence and violence in public, but also an obscuring of the feminist point of view in favour of a psychological approach. One can thus say there is a dual process of making violence against women invisible.

Corinne Lanzarini — Surviving on the street. Violence against women and relations with social care institutions

A differentiated analysis of institutional violence and violence among peers shows that women are continuously assigned their “female” characteristics, whether by institutions that try to educate them within a domestic framework or their male peers who use their “weaknesses” to involve them in a relationship of sexual dependence. For some who escape this leads to a new dependence, on social care institutions. These latter, far from supporting or creating a new lifestyle, will reinforce and try to continue traditional roles for homeless women and men: women in the domestic sphere for which she is responsible, and men in the professional sphere.

Michèle Salmona — Country-women in France: Violence, tricks and resistances

Over the last fifty years, some French women farmers — through their individual and collective action and in spite of the difficulties of their condition as female and rural (work-related, economic and social violence) — have been in the vanguard in the development of ideas and the technical and economic experimentation that they have provoked. This is true for movements related to the ideas of durable development, and also those which promote original forms of organization based on a close solidarity with consumer associations and family — based organic agriculture. These movements and choices make it possible to consider “another globalization” and “different regional planning”. There are networks of women farmers who find and rehabilitate the local patrimonial dimension. This experience brings training in political thought and action.

Marie Pezé — Body and work

For medicine to limit its therapeutic approach to the construction of sexuality to childhood events while work — in its regulations, its organization, its ergonomic effects, its cost, its organic and psychic effects — strongly shapes the material existence of the patient is a clinical stance that it is impossible to maintain. It appears more useful to follow the patients in their workshops, their factories, their offices. This reveals the centrality of work in identity construction and the powerful constraints that the social field exercises — through work — on sexual identity, which is often more subject to the social characteristics of masculine and feminine than to a true perception of the difference of the sexes.

Claudia de Gasparo — Moral and sexual harassment: A sociological approach

Although still marginal in this debate, sociology makes it possible to analyse moral harassment as a process and the product of well-defined social relations. This article is based on a survey starting from the cases of a hundred « harassed » people. One of the hypotheses formulated is that the concept of moral harassment makes it possible to avoid or channel social conflicts by dissimulating the existence of antagonistic social relations and masking under the “label” of moral harassment trade-union, gender or racist discrimination, or other forms related to age or disabilities. Thus, a reality that is the expression of gender relations, like sexism or sexual harassment, can slip from being the social to the interpersonal sphere and not be clearly recognised for what it is.

Study

Maria Bernardete Ferreira de Macêdo — Cleaning ladies and night watchmen: A gendered approach to casualized work in a hotel in France

This article results from a study of the work of cleaning women and night watchmen in a hotel in France. Both these activities, carried out within a framework of “casualized work”, involve physical involvement, availability, adaptability, social and technical organization, co-operation between the actors which, far from being symmetrical, highlight gendered differentiation at work. The chambermaids experience the casualization of work as permanent availability related to uncertainty as to the duration of the work, irregularity of schedules, submission to the requirements of the customers and the market. Segregation, whether sexual, based on skin-colour or professional, women’s vulnerability to the employer, social and economic devalorization, combine in this job which plays a central role in the functioning of the hotel. As far as they are concerned, night watchmen, all graduated of higher education, while they do not undergo the same fluctuations, experience casualization through a job that they judge socially and economically devaluing.

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Dominique Memmi — A situation with no way out? Masters and servants in the English and French cinema

The master-domestic relation is an example of a specific relation of domination: it is exerted in constant face-to-face contact. However it is shown in similar and differing ways in the French and English cinema of the 1930s to the present day. Reflection of social reality? It is suggested here that what this relation of domination reveals is in fact “the universe of the thinkable” of a specific social group: screenwriters. Films can also be regarded as one of the places where solutions to socially-troubling can be selected and tested in the realm of the imagination.

Resúmenes
Auteur•es

Maria Bernardete Ferreira de Macêdo est enseignante-chercheuse à l’université fédérale de Pernambuco (Brésil) et correspondante étrangère du GERS-CNRS. Elle consacre ses recherches à l’articulation des rapports sociaux de sexe, à l’organisation du travail, à la santé et au chômage.
— (2000). “Trabalho, saúde e resistência: o caso das operárias e operários de Rio Tinto, na Paraíba, Nordeste do Brasil – 1924-1991”. São Paulo, Pro-Posições, 2 (32).
— (1995). « Le vécu des femmes dans une expérience prolongée du chômage : usage social du temps et santé ». Cahiers du GEDISST, n° 13.

Dominique Fougeyrollas-Schwebel est sociologue, chargée de recherche au CNRS, rattachée à l’IRIS-université Paris 9-Dauphine ; membre du comité de rédaction des Cahiers du Genre ; codirectrice de la collection « Bibliothèque du féminisme » aux éditions l’Harmattan. Ses travaux portent sur l’analyse des relations de service dans une approche globale des transformations du salariat et des services domestiques ; et sur les nouvelles approches de la violence et l’impact du féminisme contemporain.
— (2001 ). « Les recherches féministes au sein du CNRS ». In Basch Françoise et al. (eds). Vingt-cinq ans d’études féministes. L’expérience Jussieu. Paris, CEDREF-université Paris 7.
— (2002). « Les paroxysmes de la conciliation. Violence au travail et violence du conjoint » (avec Elisabeth Brown et Maryse Jaspard). Travail, genre et sociétés, n° 8.

Claudia de Gasparo est historienne et sociologue, enseignante en histoire à l’école secondaire de Camignolo (Suisse), doctorante en sociologie du travail à l’universtié Paris 8 et membre du GERS-CNRS-université Paris 8. Elle travaille sur : « harcèlement moral », gestion des « ressources humaines » et rapports sociaux de sexe.
— (1996). « Quand le marché fait école » (avec Dominique Dirlewanger, Philippe Martin, Emmanuel Mejia, Luca Pellegrini, Suzanne Peters, Siro Petruzzella et Gian Franco Pordenone). Lausanne, Éditions d’en Bas.
— (2003). « Analyse quantitative d’une cohorte de cent patients harcelés : approche sociologique » (avec Marie Pezé). Documents pour le médecin du travail. Paris, INRS [à paraître].

Françoise Héritier est professeure honoraire au Collège de France et à l’École des hautes études en sciences sociales. Elle est anthropologue (anthropologie sociale, anthropologie de la parenté, anthropologie symbolique du corps). Ses recherches actuelles portent sur : parenté et alliance ; fonctionnement des systèmes semi-complexes d’alliance ; identité, inceste ; valence différentielle des sexes, substances, corps et affects. Elle a notamment publié :
— (1994). Les deux sœurs et leur mère. Anthropologie de l’inceste. Paris, Odile Jacob.
— (1996/2002). Masculin/féminin 1. La pensée de la différence ; 2. Dissoudre la hiérarchie. Paris, Odile Jacob.

Helena Hirata est sociologue, directrice de recherche au GERS – Genre et rapports sociaux (Unité mixte de recherche CNRS-université Paris 8). Ses recherches portent sur mondialisation et genre et sur les comparaisons internationales du travail industriel et du chômage.
— (2002). « Travail et affects. Les ressorts de la servitude domestique ». Note de recherche. Travailler, n° 8.
— (2003). « Pour qui sonnent les glas ? Mondialisation et division sexuelle du travail ». In Bisilliat Jeanne (ed). Regards des femmes sur la globalisation. Paris, Karthala.

Maryse Jaspard est sociodémographe, maître de conférences à l’Institut de démographie de l’université Paris 1-Panthéon-Sorbonne, et chercheuse associée à l’Institut national d’études démographiques, au sein de l’unité « Démographie, genre et sociétés ». Assurant l’enseignement et la pratique des enquêtes quantitatives, elle a réalisé des enquêtes statistiques en milieu étudiant, dans une perspective de rapports sociaux de sexe, sur la contraception, la sexualité et la prévention du sida, les violences… Dans le cadre de sa participation à des groupes de recherche féministe, elle a contribué à faire avancer le débat sur la légitimation des approches statistiques dans les analyses en termes de genre. Elle a coordonné l’Enquête nationale sur les violence envers les femmes en France (ENVEFF).
— (1997). La sexualité en France. Paris, La Découverte.

Corinne Lanzarini est sociologue, maître de conférences à l’université Paris 13-Bobigny et chercheuse au Centre de recherche sur les enjeux contemporains en santé publique (CRESP). Elle travaille sur les femmes en situation extrême.
— (1999). Les nouvelles figures du sous-prolétariat (avec Patrick Bruneteaux). Paris, L’Harmattan « Le travail du social ».
— (2000). Survivre dans le monde sous-prolétaire. Paris, PUF.

Marylène Lieber est doctorante en sociologie à l’université de Versailles – Saint-Quentin en Yvelines et membre du laboratoire Printemps. De février 2000 à mars 2003, elle a été assistante de recherche pour l’enquête financée par la Commission européenne, Genre et gestion locale du changement dans sept pays de l’Union européenne, qui portait sur la place des femmes dans le pouvoir local et l’impact de leur présence sur les politiques publiques. Depuis avril 2003, elle bénéficie d’une bourse de recherche pour jeune chercheuse du Fonds national scientifique suisse.
Sa thèse porte sur les politiques publiques de sécurité en France et plus exactement sur la façon dont les violences faites aux femmes y sont intégrées. Son travail s’articule autour de deux axes. D’une part, les politiques publiques avec notamment un travail sur les catégories statistiques et, d’autre part, l’impact de la peur sur la mobilité des femmes dans l’espace public.
— (2002). « Femmes, violences et espace public : une réflexion sur les politiques de sécurité ». Lien social et politiques « Le genre des politiques publiques. Des constats et des actions », n° 47.
 — (2002). « Le sentiment d’insécurité des femmes dans l’espace public : une entrave à la citoyenneté ? ». Nouvelles questions féministes, vol. 21, n° 1.

Dominique Memmi est directrice de recherche au CNRS (Cultures et sociétés urbaines-CSU-IRESCO). Elle travaille sur les usages sociaux et politiques du corps, mais aussi sur la domination sociale qui s’exerce dans le face à face. Elle analyse notamment les issues à ce type de domination sociale qui se cherchent fantasmatiquement dans le matériau cinématographique. Elle a publié sur ce sujet dans Vertigo (sur la représentation revancharde des pauvres dans le cinéma américain), dans Politique, la revue (sur les issues à la domination masculine vues du côté féminin), dans Le Mouvement social (sur les issues à la domination sociale dans le cinéma ouvriériste britannique) et dans les Cahiers du Genre (sur la domination sexuelle).

Marie Pezé est docteur en psychologie, psychanalyste, membre du GERS-CNRS. Elle dirige la consultation « Souffrance et travail » à l’hôpital de Nanterre. Ses recherches portent sur l’indissociabilité du corps au travail et du corps érotique dans le maintien d’un équilibre psychosomatique comme dans l’analyse des décompensations. Les formes pathologiques peuvent être infraliminaires comme la fatigue, somatiques comme les Troubles musculosquelettiques (TMS), éthiques comme les violences et le harcèlement au travail. L’étiologie, la prise en charge pluridisciplinaire de ces manifestations de souffrance ne peut en tout cas jamais faire l’économie de la place du féminin dans le monde du travail.
— (2000). « Forclusion du féminin dans l’organisation du travail : le harcèlement de genre ». Cahiers du Genre, n° 29 « Variations sur le corps » (Pascale Molinier, Marie Grenier-Pezé eds).
— (2002). Le deuxième corps. Paris, La Dispute « Le genre du monde ».

Michèle Salmona est psychologue et ethnologue. Elle a été cofondatrice, en 1971, du Centre d’anthropologie économique et sociale applications recherches (CAESAR). Elle a travaillé pendant quinze ans pour le Commissariat au Plan sur le travail agricole et artisanal et sur le développement régional. Elle a enseigné pendant vingt ans la psychologie du travail à l’université Paris 10-Nanterre. Ses principaux thèmes de recherche actuels sont : le travail avec l’animal, le travail avec le végétal et avec la terre. Sa thèse d’État a fait l’objet de deux ouvrages :
— (1994). Les paysans français, le travail, les métiers, la transmission des savoirs. Paris, L’Harmattan.
— (1994). Souffrances et résistances des paysans français. Paris, L’Harmattan.

Danièle Senotier est secrétaire de rédaction des Cahiers du Genre et membre de l’unité mixte de recherche Genre et rapports sociaux (GERS-CNRS – université Paris 8).
— (1998). Sexes et sociétés. Répertoire de la recherche en France (avec Nathalie Cattanéo). Paris, La Documentation française « Droits des femmes ».
— (2000). Dictionnaire critique du féminisme (avec Helena Hirata, Françoise Laborie, Hélène Le Doaré, eds). Paris, PUF.

Cahiers du Genre n°35/2003

288 p.

ISSN  1165-3558 – ISBN  2-7475-5548-8