Associations féministes :
reproduction ou subversion du genre ?

Coordonné par Annie Dussuet, Érika Flahault et Dominique Loiseau

Pour les associations féministes, le genre constitue un redoutable paradoxe et un défi : utiliser le genre comme concept pour lutter contre le genre comme système social, sachant que celui-ci pèse aussi sur leur fonctionnement et leurs pratiques comme dans toute organisation sociale.

Introduction

 

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Sommaire

Dossier

Annie Dussuet, Érika Flahault et Dominique Loiseau
Le genre est-il soluble dans les associations féministes ? (Introduction) [p. 5-17]

Présentation des structures [p. 19-23]

Frédéric Charles et Sabine Fortino
Le concept de genre au CIDFF : un outil de travail pour l’insertion [p. 25-48]

Alban Jacquemart
L’engagement féministe des hommes, entre contestation et reproduction du genre [p. 49-63]

Élisa Herman
Militer en travaillant contre les violences conjugales [p. 65-87]

Érika Flahault
Le Planning familial et la professionnalisation du conseil conjugal et familial : reproduire la norme de genre au nom de la subversion ? [p. 89-108]

Hors-champ

Catherine Achin et Delphine Naudier
L’agency en contexte : réflexions sur les processus d’émancipation des femmes dans la décennie 1970 en France [p. 109-130]

Irène Pereira
Épreuves de légitimité et de force au sein des rapports sociaux de sexe en milieu militant : l’exemple d’une commission féministe dans une organisation politique libertaire entre 2006 et 2010 [p. 131-148]

Anouk Lloren
Le genre comme ressource politique au service de la citoyenneté sociale des femmes. Le cas du Parlement suisse [p. 149-170]

Lecture d’une œuvre

Delphine Gardey
Donna Haraway : poétique et politique du vivant [p. 171-194]

Document

Dominique Fougeyrollas-Schwebel
Bruno Lautier et l’Amérique latine : une rencontre ‘enthousiaste’ [p. 195-198]

Bruno Lautier
Sociologie de l’emploi, informalité des relations de travail et stratégies familiales en Amérique latine
[p. 199-217]

Javier Pineda Duque, Fernando Urrea Giraldo et Luz Gabriela Arango Gaviria
L’informalité, un concept toujours d’actualité ? [p. 219-226]

Notes de lecture

— Monique Wittig. Le chantier littéraire (Delphine Naudier)

— Diane Lamoureux. Pensées rebelles. Autour de Rosa Luxemburg, Hannah Arendt et Françoise Collin (Jacqueline Heinen)

— Diana J. Torres. Pornoterrorisme (Arnaud Alessandrin)

— Delphine Dulong, Christine Guionnet et Érik Neveu (eds). Boys don’t cry ! Les coûts de la domination masculine (Stéphane Héas)

Histoire, médecine et santé « Expertise psychiatrique et genre » (Ilana Löwy)

— Elsa Dorlin et Eva Rodriguez (eds). Penser avec Donna Haraway (Ilana Löwy)

— Claire Cossée, Adelina Miranda, Nouria Ouali et Djaouida Séhili (eds). Le genre au cœur des migrations (Maryse Tripier)

— Danièle Kergoat. Se battre, disent-elles… (Yvonne Guichard-Claudic)

[p. 227-251]

Notes de lecture numéro 55

Résumés

Frédéric Charles et Sabine Fortino — Le concept de genre au CIDFF : un outil de travail pour l’insertion

Dans le cas singulier d’un réseau d’associations intervenant en faveur de la défense des droits des femmes (les Centres d’information sur les droits des femmes et des familles ou CIDFF), nous nous proposons d’analyser comment les théories du genre sont appropriées puis ‘travaillées’ par les professionnel∙le∙s du réseau dans le cadre de leur activité à destination des femmes précaires en insertion. L’article présente quelques dispositifs particulièrement innovants qui tentent de concilier lutte contre le chômage, « avancée en mixité des emplois » et émancipation des femmes. Il en montre aussi les limites dans un contexte de désengagement de l’État et de difficultés financières récurrentes mettant parfois à mal le fonctionnement et les missions initiales des associations.

CIDFF/CNIDFF — Rôles sexués — Insertion professionnelle — Pratiques professionnelles — Dispositifs innovants — Formation

Alban Jacquemart — L’engagement féministe des hommes, entre contestation et reproduction du genre

À partir d’une enquête auprès d’hommes engagés dans des collectifs féministes, cet article propose une analyse des réponses collectives et individuelles face à la reproduction, même partielle, des rapports sociaux de sexe au sein des groupes féministes. Il montre ainsi que l’engagement des hommes implique des ajustements organisationnels visant à réduire l’expression de la domination masculine. Du côté des militants, la prise en compte de leur exercice individuel de la domination masculine est potentiellement déstabilisatrice de l’engagement : l’euphémisation de leur participation à la reproduction des rapports sociaux de sexe permet alors d’assurer le maintien de l’engagement tandis que la volonté affichée de s’y confronter fragilise le militantisme et conduit, bien souvent, au désengagement.

Militantisme — Hommes et féminisme — Mix-Cité — Anti-patriarcat — Domination masculine

Élisa Herman — Militer en travaillant contre les violences conjugales

Au fil d’une ethnographie de la lutte contre les violences conjugales, l’auteure a rencontré des femmes professionnelles et militantes, féministes et travailleuses sociales, investies dans des carrières aux multiples facettes. Cet article propose tout d’abord de retracer l’essor d’un groupe professionnel issu d’espaces associatifs, processus intimement lié à la construction de politiques publiques. Il présente ensuite trois figures de travailleuses militantes, nées de cette professionnalisation caractérisée par la volonté de dépasser les clivages expert/profane, militant/professionnel.

Associations féministes — Professionnalisation — Travail social — Militantisme

Érika Flahault — Le Planning familial et la professionnalisation du conseil conjugal et familial : reproduire la norme de genre au nom de la subversion ?

À partir d’entretiens auprès d’actrices et d’analyse documentaire, cet article interroge le rôle du Planning familial dans la difficile professionnalisation de l’activité de conseil conjugal et familial. Cette activité, qui existe depuis les années 1930, s’est particulièrement développée et institutionnalisée depuis les années 1960 dans le Planning familial, qui, paradoxalement, s’est longtemps opposé à sa professionnalisation. Il s’agit donc de comprendre dans quel contexte et par quel processus cette association féministe, par ailleurs reconnue par les pouvoirs publics, en est venue à participer à la reproduction du genre en s’opposant à la reconnaissance professionnelle d’une activité exercée par des femmes pour des femmes, alors même qu’elle semble être parvenue à une subversion du genre en son sein sur cette même question.

Planning familial — Conseil conjugal et familial — Professionnalisation — Salariat — Bénévolat — Rôles sexués

* * * * *

Catherine Achin et Delphine Naudier — L’agency en contexte : réflexions sur les processus d’émancipation des femmes dans la décennie 1970 en France

L’article analyse des pratiques d’agency selon les scènes de vie et l’état du rapport de force entre les sexes, à partir de récits de vie de femmes françaises ‘ordinaires’ émancipées au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Il met au jour les liens entre le contexte politique et social des années 1970 et les multiples médiations contingentes par lesquelles s’opère le glissement des conduites d’accommodement à la domination masculine vers sa remise en question discursive et pratique.

Agency — Domination masculine — Droits des femmes — Sociabilité féminine — Militantisme — Émancipation

Irène Pereira — Épreuves de légitimité et de force au sein des rapports sociaux de sexe en milieu militant. L’exemple d’une commission féministe dans une organisation politique libertaire entre 2006 et 2010

À partir d’une étude de cas dans une organisation politique libertaire, cet article se propose de montrer l’intérêt d’analyser les rapports sociaux de sexe à partir d’une sociologie pragmatique des actions. Celle-ci permet d’avancer l’hypothèse d’une continuité entre ‘les épreuves de légitimité’ et ‘les épreuves de force’. Il devient alors possible d’analyser ces deux aspects lors de confrontations dans des situations militantes qui entremêlent relations sociales et rapports sociaux de sexe. L’auteure s’intéresse plus particulièrement aux stratégies des actrices et à leurs ressources et veut proposer une analyse matérialiste des épreuves de force en mobilisant les théories du réalisme politique selon lesquelles la guerre constitue le paradigme d’analyse du social.

Sociologie du militantisme — Militantisme — Alternative libertaire — Anti-patriarcat — Stratégies — Luttes

Anouk Lloren — Le genre comme ressource politique au service de la citoyenneté sociale des femmes. Le cas du Parlement suisse

Partant du débat entre représentation descriptive et substantielle d’une part, et de l’analyse féministe de la citoyenneté d’autre part, cette contribution s’intéresse à l’impact des parlementaires sur le développement de la citoyenneté sociale des femmes. Dans ce cadre, le Parlement constitue pour les femmes une arène de choix pour pratiquer leur propre citoyenneté à un niveau élevé. En même temps, le mandat politique représente une structure d’opportunité exceptionnelle pour renouveler les normes et les rapports sociaux de genre. En conséquence, nous tenterons, à travers une analyse des votes nominatifs de la Chambre basse suisse, de tester l’impact du sexe des parlementaires sur les projets de loi qui régulent les rapports de genre.

Représentation politique — Citoyenneté — Femmes et politique — Suisse

Abstracts

Do feminist groups reproduce or subvert gender?

Annie Dussuet, Érika Flahault and Dominique Loiseau — Can gender disappear in feminist groups? (Introduction)

Frédéric Charles and Sabine Fortino — The concept of gender at the CIDFF: a work tool for integration

Taking the unique case of a network of groups working for the defence of women’s rights (the Information Centres on the Rights of Women and Families, « Centres d’information sur les droits des femmes et des familles » or CIDFF), we analyse how gender theory is appropriated and then rearticulated by professionals in the network within the framework of their work that aims at supporting vulnerable women in their path towards social integration. The article presents some particularly innovative strategies that attempt to combine fighting unemployment with diversity in the workpace and with the emancipation of women. It also shows the limits of these strategies in the context of state withdrawal and recurrent financial difficulties that sometimes jeopardise the work and original aims of these groups.

CIDFF/CNDIFF — Gender roles — Job placement — Professional practices – Innovative strategies

Alban Jacquemart — Men in feminist movements, caught between contesting and reproducing gender

Starting from a survey of men who are involved in feminist collectives, this article offers an analysis of the collective and individual responses to the (even partial) reproduction of social gender relations within feminist groups. It thus shows that the presence and activism of men implies organizational adjustments that are aimed at taming male domination. For activists, their own reflexivity about their individual exercise of male domination puts at risk their involvement, which leads to two attitudes: either to downplay their participation in the reproduction of male domination, which allows them to maintain their involvement in feminist organization, or the explicit desire to confront male domination, which threaten their activism and very often leads to disengagement.

Activism — Men and feminism — Mix-Cité — Anti-patriarchy — Male domination

Élisa Herman — Activism at work: the case of social workers against domestic violence

Ethnographic work on the fight against domestic violence enables to shed light on professional and activist women, feminists and social workers, who pursue multifaceted careers. This article first undertakes to trace the emergence and development, from the non-profit sector and with the help of specific public policies, of a group of professional women. It then presents three examples of activist workers who are the product of this professionalization that is charac¬terised by the desire to overcome the divides between experts and laypersons, and between activists and professionals.

Feminist groups — Professionalization — Social work — Activism

Érika Flahault — Family Planning and the professionalization of couple and family therapy: is the gender norm being reproduced in the name of subversion?

Based on interviews and primary sources, this article examines the role of the Family Planning organization in the difficult professionalization of the activity of couples and family therapy. This activity, which has existed since the 1930s, has been particularly developed and institutionalised since the 1960s inside the Family Planning, despite the fact that the Family Planning for a long time opposed the idea that such activities should be professionalized. This article seeks to explain how a well-known and publicly recognized feminist organization such as the Planning, contributed to reproducing gender inequalities – by opposing the professionalization of an activity carried out by women for the benefit of women – while at the same time it promoted more subversive gender norms.

Family Planning — Couples and family therapy — Professionalization — Employment — Volunteering — Gender roles

* * * **

Catherine Achin and Delphine Naudier — Agency in context: thoughts on the process of women’s emancipation in the 1970s in France

Using life stories of « ordinary » French women who were emancipated during the second half of the 20th century, this article analyses agency practices in daily life and depending on the gendered power dynamics at play. It highlights the connections between the political and social context of the 1970s and the numerous contingent mediations which support the transition from behaviour that tends to accommodate male domination to behaviour that calls it into question both in discursive and practical terms.

Agency — Male domination — Women’s rights — Female sociability — Activism — Emancipation

Irène Pereira — Testing strength, testing legitimacy: the example of a feminist commission in a libertarian organization from 2006 to 2010

Based on the case study of a libertarian political organisation, this article undertakes to demonstrate the value of analysing social gender relations with the tools of pragmatic sociology. This article argues that there is a continuity between what is called « tests of legitimacy » and « tests of strength ». It then becomes possible to analyse these two aspects during confrontations that combine social relationships and social gender relations. The author takes a particular interest in the strategies of female activists and in their resources, and attempts to put forward a materialist analysis of the tests of strength by bringing into play the theories of political realism, according to which war constitutes the paradigm for social analysis.

Sociology of activism — Activism — Alternative libertaire — Anti-patriarchy — Strategies — Struggle

Anouk Lloren — Gender as a political resource at the service of women’s social citizenship. The case of the Swiss Parliament

Starting with the debate between descriptive and substantial representation on the one hand, and with the feminist analysis of citizenship on the other, this contribution analyses the impact of members of parliament (MPs) on the development of women’s social citizenship. In this context, the Parliament constitutes an arena of choice for women, within which they can exercise their own citizenship at a high level. At the same time, the political mandate represents an exceptional structure of opportunity for renewing social gender norms and relations. Consequently, we will attempt, through an analysis of the nominative votes of the Swiss Lower Chamber, to test the impact MPs’ gender on the bills that regulate gender relations.

Political representation — Citizenship — Women and politics — Switzerland

About an author

Delphine Gardey — Donna Haraway: the poetics and politics of living beings

Document

Dominique Fougeyrollas-Schwebel — Bruno Lautier and Latin America: an « enthusiastic » encounter

Bruno Lautier — The sociology of employment, the informality of work relationships, and family strategies in Latin America

Javier Pineda Duque, Fernando Urrea Giraldo and Luz Gabriela Arango Gaviria — Informality, a concept that is still relevant

Resúmenes

Asociaciones feministas: ¿reproducción o subversión del género?

Annie Dussuet, Érika Flahault y Dominique Loiseau — ¿El género se disuelve en las asociaciones feministas? (Introducción)

Frédéric Charles y Sabine Fortino — El concepto de género en el CIDFF: una herramienta de trabajo para la inserción

En el caso singular de una red de asociaciones que intervienen en favor de la defensa de los derechos de las mujeres (los Centros de Información sobre los Derechos de las Mujeres y de las Familias o CIDFF en francés), nos proponemos analizar cómo las teorías de género son apropiadas y después ‘trabajadas’ por las y los profesionales de la red en el marco de su actividad destinada a las mujeres precarias en inserción. El artículo presenta algunos dispositivos particularmente innovadores que buscan conciliar lucha contra el desempleo, « progresión del carácter mixto de los empleos » y la emancipación de las mujeres. Muestra también sus límites en un contexto de desentendimiento del Estado y de dificultades financieras recurrentes lo que perjudica a veces el funcionamiento y las misiones de las asociaciones.

CIDFF/CNDIFF — Papeles sexuados — Inserción profesional — Prácticas profesionales — Dispositivos innovadores — Formación

Alban Jacquemart — El compromiso feminista de los hombres, entre contestación y reproducción del género

A partir de una encuesta llevada a cabo con hombres comprometidos en colectivos feministas, este artículo propone un análisis de las respuestas colectivas e individuales frente a la reproducción, incluso parcial, de las relaciones sociales de sexo dentro de los grupos feministas. Muestra así que el compromiso de los hombres implica ajustes organizacionales que tienen como finalidad reducir la expresión de la dominación masculina. Del lado de los militantes, la toma en consideración de su ejercicio individual de la dominación masculina es potencialmente desestabilizadora del compromiso: la eufemización de su participación en la reproducción de las relaciones sociales de sexo permite entonces asegurar el mantenimiento del compromiso mientras que la voluntad anunciada de confrontarse fragiliza el militantismo y conduce, con mucha frecuencia, al abandono del militantismo.

Militantismo — Hombres y feminismo — Mix-Cité — Anti-patriarcado — Dominación masculina

Élisa Herman — Militar trabajando contra las violencias conyugales

A lo largo de una etnografía de lucha contra las violencias conyugales, la autora encontró mujeres profesionales y militantes, feministas y trabajadoras sociales, investidas en carreras a facetas múltiples. Este artículo propone primero que nada de retrasar el desarrollo de un grupo profesional resultado de espacios asociativos, procesos íntimamente ligados a la construcción de políticas públicas. Presenta a continuación tres figuras de trabajadoras militantes, nacidas de esta profesionalización caracterizada por la voluntad de superar las divisiones experta/profana, militante/profesional.

Asociaciones feministas — Profesionalización — Trabajo social — Militantismo

Érika Flahault — El Planning familial y la profesionalización del consejo conyugal y familiar: ¿reproducir la norma de género en el nombre de la subversión?

A partir de las entrevistas llevadas a cabo con actrices documentales, este artículo cuestiona el papel del Planning familial (la planificación familiar) en la difícil profesionalización de la actividad de consejo conyugal y familiar. Esta actividad, que existe desde los años 1930, se desarrolló e institucionalizó particularmente desde los años 1960 en el Planning familial que, paradójicamente, se opuso mucho tiempo a su profesionalización. Se trata entonces de entender en cual contexto y por cual proceso esta asociación feminista, por otro lado reconocida por los poderes públicos, llego a participar en la reproducción del género oponiéndose al reconocimiento profesional de una actividad practicada por mujeres y para mujeres, cuando parece haber conseguido una subversión del género dentro de esta misma cuestión.

Planning familial — Consejo conyugal y familiar — Profesionalización — Salariado — Voluntariado — Papeles sexuados

* * * * *

Catherine Achin y Delphine Naudier — La agency en contexto: reflexiones sobre los procesos de emancipación de las mujeres en la década de 1970 en Francia

El artículo analiza las prácticas del agency según las escenas de vida y el estado de las relaciones de fuerza entre los sexos, a partir de las historias de vida de mujeres francesas ‘ordinarias’ emancipadas al curso de la segunda mitad del siglo XX. Desvela los vínculos entre el contexto político y social de los años 1970 y las múltiples mediaciones contingentes por las cuales se opera el desplazamiento de las conductas de acomodamiento a la dominación masculina hacia su puesta en cuestión discursiva y práctica.

Agency — Dominación masculina — Derechos de las mujeres — Sociabilidad femenina — Militantismo — Emancipación

Irène Pereira — Pruebas de legitimidad y de fuerza en el seno de las relaciones sociales de sexo en un ambiente militante: el ejemplo de una comisión feminista en una organización libertaria entre 2006 y 2010

A partir de un estudio de caso en una organización política libertaria, este artículo propone mostrar el interés de analizar las relaciones sociales de sexo a partir de una sociología pragmática de las acciones. Esta permite avanzar la hipótesis de una continuidad entre ‘las pruebas de legitimidad’ y ‘las pruebas de fuerza’. Resulta entonces posible analizar estos dos aspectos durante confrontaciones en situaciones militantes que entrelazan relaciones sociales y relaciones sociales de sexo. La autora se interesa más particularmente a las estrategias de las actrices y sus recursos y busca proponer un análisis materialista de las pruebas de fuerza que movilizan las teorías del realismo político según las cuales la guerra constituye el paradigma de análisis de lo social.

Sociología del militantismo — Militantismo — Alternative libertaire — Anti-patriarcado — Estrategias — Luchas

Anouk Lloren — El género como recurso político al servicio de la ciudadanía social de las mujeres. El caso del Parlamento suizo

Partiendo del debate entre representación descriptiva y substancial de una parte, y del análisis feminista de la ciudadanía de otra parte, esta contribución se interesa al impacto de los parlamentarios sobre el desarrollo de la ciudadanía social de las mujeres. En este marco, el Parlamento constituye para las mujeres una arena privilegiada para practicar su propia ciudadanía en un nivel elevado. Al mismo tiempo, el mandato político representa una estructura de oportunidad excepcional para renovar las normas y las relaciones sociales de género. En consecuencia, intentaremos, a través de un análisis de los votos nominativos de la Cámara baja de Suiza, de verificar el impacto del sexo de los parlamentarios y parlamentarias sobre los proyectos de ley que regulan las relaciones de género.

Representación política — Ciudadanía — Mujeres y política — Suiza

Lectura de una obra

Delphine Gardey — Donna Haraway: poética y política de lo vivo

Documento

Dominique Fougeyrollas-Schwebel — Bruno Lautier y la América Latina: un encuentro ‘entusiasta’

Bruno Lautier— Sociología del empleo, informalidad de las relaciones de trabajo y estrategias familiares en América Latina

Javier Pineda Duque, Fernando Urrea Giraldo y Luz Gabriela Arango Gaviria — ¿La informalidad, un concepto siempre de actualidad?

Auteur•es

Catherine Achin est professeure de science politique à l’Université Paris Est Créteil, chercheure au Lipha Paris Est et au CSU-Cresppa. Ses travaux portent sur le genre en politique et l’histoire sociale des idées et pratiques féministes. Elle a récemment publié :
— (2013) (avec Laure Bereni, eds). Dictionnaire genre et science politique. Concepts, objets, problèmes. Paris, Presses de Science Po.
— (2013) (avec Lucie Bargel). « Montrez ce genre que je ne saurais voir. Genre, sexualité et institutions dans la présidentielle de 2012 ». Genre, sexualité & société, hors-série n° 2 « Présidentielle 2012 ».

Frédéric Charles est sociologue, professeur à l’Université de Picardie Jules Verne, chercheur au CURAPP-CNRS. Il est membre du bureau du RT1 de l’AFS, « Savoir, travail et professions ». Parmi ses publications récentes :
— (2011) (avec Marlaine Cacouault, eds). Quelle mixité dans les formations et les groupes professionnels ? Enquête sur les frontières et le mélange des genres. Paris, L’Harmattan.
— (2012). « Les différents types de socialisation à l’œuvre dans le recrutement des professeurs du secondaire en Angleterre et en France ». In Guibert Pascal, Périer Pierre (eds). La socialisation professionnelle des enseignants du secondaire. Parcours, expériences, épreuves. Rennes, Presses universitaires de Rennes.

Annie Dussuet est maîtresse de conférences en sociologie à l’Université de Nantes, habilitée à diriger des recherches, membre du Centre nantais de sociologie (CENS-EA3260), et associée à l’équipe GTM du Cresppa. Ses recherches portent sur les formes du travail et de l’emploi dans les services dans une perspective de genre ; elle s’intéresse particulièrement aux situations limites où le travail n’est pas perçu comme du ‘vrai travail’, en focalisant sur les organisations associatives. Elle participe au programme de comparaison internationale FLOWS du 7e PCRD (Impact of Local Welfare Systems on Female Labour Force Participation and Social Cohesion) et coordonne le volet nantais du programme « Genre et discriminations » de la Région Pays de la Loire (2014-2017). Elle a notamment publié :
— (2005). Travaux de femmes: enquêtes sur les services à domicile. Paris, L’Harmattan.
— (2011). « Gestion des émotions, santé et régulation du travail dans les services à domicile ». Revue multidisciplinaire sur l’emploi, le syndicalisme et le travail (REMEST), vol. 6, n° 2 :
http://www.remest.ca/documents/DussuetREMESTVol6no2.pdf

Érika Flahault est maîtresse de conférences en sociologie à l’Université du Maine, au laboratoire ESO – Espaces et Sociétés, UMR CNRS 6590. Ses recherches s’inscrivent dans le cadre des études sur le genre et portent sur des expériences développées en marge des modèles sociaux dominants ou allant à contre-courant de ces modèles et tout particulièrement de l’ordre social sexué. Elle co-anime le programme régional (Pays de la Loire) « Genre et discriminations » coordonné par Christine Bard (2014-2017) et coordonne le programme « Territoires et fabrique du genre », financé par le GIS Institut du Genre (2013). Parmi ses publications :
— (2009). Une vie à soi. Nouvelles formes de solitude au féminin. Rennes, Presses universitaires de Rennes.
— (2014) (avec Annie Dussuet et Dominique Loiseau). « Emploi associatif, féminisme et genre ». Travail, genre et sociétés, n° 31 [à paraître en avril].

Sabine Fortino est sociologue, maître de conférences à l’Université Paris Ouest Nanterre la Défense, chercheure à l’équipe GTM du Cresppa-CNRS. Elle est membre du comité de rédaction de la Nouvelle revue du travail. Parmi ses publications récentes :
— (2012) (avec Benjamin Tejerina, Beatriz Cavia, José Calderón, eds). Crise sociale et précarité. Travail, modes de vie et résistances en France et en Espagne. Nîmes, Champ social.
— (2011) (avec Danièle Linhart). « Comprendre le mal-être au travail : modernisation du travail et nouvelles formes de pénibilité ». Revista latinoamericana de estudos do trabalho, ano 16, n° 25.

Delphine Gardey est historienne et sociologue, professeure d’histoire contemporaine à l’Université de Genève, où elle dirige un Institut de recherche interdisciplinaire en études genre ainsi qu’un programme de master et de doctorat dans ce domaine. Elle a rédigé cet article alors qu’elle était Fellow au Wissenschaftskolleg zu Berlin (Institute for Advanced Study). Ses travaux ont porté sur l’histoire du travail des femmes, l’histoire sociale, des femmes et du genre, l’histoire des sociétés de l’information, l’histoire et la sociologie des techniques, les thématiques « genre et science », « genre et technique » ainsi que sur la théorie féministe. Parmi ses publications :
— (2008). Écrire, calculer, classer. Comment une révolution de papier a transformé les sociétés contemporaines (1800-1940). Paris, La Découverte.
— (2011) (ed). Le féminisme change-t-il nos vies ? Paris, Textuel « Petite encyclopédie critique ».

Élisa Herman est sociologue et membre de l’IRIS (Institut de recherches interdisciplinaires sur les enjeux sociaux). Sa thèse, soutenue en 2012 à l’EHESS, s’intitule : « Féminisme, travail social et politique publique. Lutter contre les violences conjugales ». Elle étudie les carrières militantes, l’engagement associatif et le travail social. Elle mène actuellement une enquête sur l’engagement de parents et de professionnels face aux violences éducatives. Elle a notamment publié :
— (2011). « Le traitement social des violences conjugales. Droits des femmes migrantes ». Hommes et migrations, n° 1290 « Travailleurs sociaux et migrations », mars-avril.
— (2012). « Paradoxes du travail social au sein des associations de lutte contre les violences conjugales ». Informations sociales, n° 169.

Alban Jacquemart est docteur en sociologie de l’EHESS, chercheur associé à l’équipe PRO (Professions, réseaux, organisations) du Centre Maurice Halbwachs (CNRS-ENS-EHESS). Ses recherches s’inscrivent dans le cadre de la sociologie du genre et de la sociologie des mobili¬sations collectives. Après une thèse sur l’engagement d’hommes dans les mouvements féministes français entre 1870 et 2010 (à paraître aux Presses universitaires de Rennes et récompensée par le Prix de thèse de la Ville de Paris pour les études de genre 2012), il a participé à une recherche collective sur le plafond de verre dans la haute administration (CMH, DGAFP). Il a notamment publié :
— (2012). « Du registre humaniste au registre identitaire. La recomposition du militantisme féministe masculin dans les années 1970 ». Sociétés contemporaines, n° 85.
— (2012). « Comment éviter la domination masculine sans éviter les hommes ? Les mouvements féministes français face à leurs militants hommes (1870-2010) ». In Gothuey Judith et al. (eds). Enquêter sur le genre. Terrains et pratiques. Nancy, Presses universitaires de Nancy – Éditions universitaires de Lorraine.

Anouk Lloren est assistante post-doctorante au Département de science politique de l’Université de Genève où elle enseigne le comportement politique. Ses recherches portent sur le genre et la politique, la représentation politique, les campagnes électorales et l’analyse du vote. Elle s’intéresse actuellement à la question des inégalités socioéconomiques et à leurs effets sur la représentation politique. Elle publiera prochainement :
— (2014). Pour qui luttent les femmes ? De la représentation des intérêts des femmes au Parlement suisse. Zürich, Seismo [à paraître].
— (2014). « Women’s Substantive Representation: Defending Feminist Interests or Women’s Electoral Preferences? » The Journal of Legislative Studies [à paraître].

Dominique Loiseau est historienne et sociologue, associée au laboratoire ESO – Espaces et sociétés, UMR CNRS 6590). Elle axe ses recherches sur les pratiques et les représentations du travail et du militantisme des femmes au XXe siècle, tout en assurant parallèlement conférences ou sessions de formation, dans un objectif de transmission. Elle a notamment publié :
— (2008). Marre d’être sages ! Nantes, Éd. du Centre d’histoire du travail.
— (2012). « Des responsables syndicales aujourd’hui en Pays de Loire ». In Christine Bard (ed). Les féministes de la deuxième vague. Rennes, Presses universitaires de Rennes.

Delphine Naudier est sociologue au CSU-Cresppa/Université Paris 8. Ses travaux portent sur le genre et les professions culturelles (écrivains, attachées de presse, agents artistiques, intermédiaires culturels et du travail artistique) et sur l’histoire sociale des idées et pratiques féministes. Parmi ses publications :
— (2011). « Orchestrer la visibilité des écrivaines et des écrivains en France : le ‘capital reputationnel’ des attachées de presse ». Recherches féministes, vol. 24, n° 1.
— (2013). « La construction sociale d’un territoire professionnel : les agents artistiques ». Le mouvement social, vol. 2, n° 243.

Irène Pereira est chercheuse associée au GSPM/EHESS. Elle est l’auteure de travaux en sociologie portant sur le syndicalisme, la mouvance anarchiste, en particulier ses rapports avec le féminisme, ainsi que de manière générale sur la gauche radicale. Elle a notamment publié :
— (2010). Les grammaires de la contestation : un guide de la gauche radicale. Paris, La Découverte.
— (2010). Les travailleurs de la culture en lutte : le syndicalisme d’action directe face aux transformations du capitalisme et de l’État dans le secteur de la culture. Paris, D’ores et déjà.

 

fleche

Cahiers du Genre n°55/2013

décembre, 270 p.

ISSN  1165-3558 – ISBN 978-2-343-02210-9