Les antiféminismes

Coordonné par Anne-Marie Devreux et Diane Lamoureux

Illustrant la dynamique des relations entre pays produisant des travaux féministes, ce numéro  élaboré conjointement avec la revue québécoise Recherches féministes montre la variété des champs d’action des antiféministes et leurs stratégies pour tenter de faire taire les voix multiples des féminismes, en France et au Québec mais aussi au Vatican, au Mexique ou à Madagascar.

Introduction

 

Vous trouverez, en suivant ce lien, l’Introduction en version pdf

Sommaire

Anne-Marie Devreux et Estelle Lebel
Des anniversaires sous le signe de la solidarité [p. 5-6]

Dossier

Anne-Marie Devreux et Diane Lamoureux
Les antiféminismes : une nébuleuse aux manifestations tangibles (Introduction) [p. 7-22]

Denise Couture
L’antiféminisme du « nouveau féminisme » préconisé par le Saint-Siège [p. 23-49]

Helen Harden Chenut
L’esprit antiféministe et la campagne pour le suffrage en France, 1880-1914 [p. 51-73]

Mireille Rabenoro
Le mythe des femmes au pouvoir, arme de l’antiféminisme à Madagascar [p. 75-95]

Mathieu Caulier
L’antiféminisme des « populationnistes » [p. 97-118]

Francis Dupuis-Déri
Le discours de la « crise de la masculinité » comme refus de l’égalité entre les sexes : histoire d’une rhétorique antiféministe [p. 119-143]

Marie-Carmen Garcia
Des féministes aux prises avec l’« intersectionnalité » : le mouvement Ni Putes Ni Soumises et le Collectif féministe du Mouvement des indigènes de la République [p. 145-165]

Mélissa Blais
Y a-t-il un « cycle de la violence antiféministe » ? Les effets de l’antiféminisme selon les féministes québécoises [p. 167-195]

Hors-champ

Lorena Parini, Matteo Gianni et Gaëtan Clavien
La transversalité du genre : l’islam et les musulmans dans la presse suisse francophone [p. 197-218]

Lecture d’une œuvre

Estelle Ferrarese
bell hooks et le politique. La lutte, la souffrance et l’amour [p. 219-240]

Notes de lecture

— Christine Bard. Une histoire politique du pantalon et Ce que soulève la jupe : identités, transgressions, résistances (Ilana Löwy)

— Sandrine Garcia. Mères sous influence. De la cause des femmes à la cause des enfants (Sarra Mougel)

— Isabelle Attané. En espérant un fils… La masculinisation de la population chinoise (Marylène Lieber)

[p. 241-253]

Notes de lecture numéro 52

Résumés

Denise Couture — L’antiféminisme du « nouveau féminisme » préconisé par le Saint-Siège

Dans son discours contemporain, le Saint-Siège s’attaque au féminisme qu’il juge dangereux et menaçant. Il a élaboré un discours phallocentrique exemplaire, nouveau et adapté à son temps, qui réutilise des concepts féministes en inversant leur signification. La stratégie de camouflage de son propre phallocentrisme fonctionne en partie : elle réussit à éviter l’opposition d’un auditoire, tant catholique que citoyen, pour qui la thèse de la subordination sociale des groupes des femmes aux groupes des hommes est inaudible et inacceptable. En ce sens, le discours du Saint-Siège correspond bien à un antiféminisme.

Antiféminisme — Église catholique — Droits des femmes — Théologie — Mouvements féministes — Vatican

Helen Harden Chenut — L’esprit antiféministe et la campagne pour le suffrage en France, 1880-1914

L’opposition obstinée aux droits politiques des Françaises a fait l’objet de diverses interprétations. L’auteure s’intéresse ici à la réaction antiféministe — en rhétorique et en pratique — quant à la mobilisation des féministes et pour le suffrage féminin, à la veille de la Grande Guerre. La nature des positions « anti- » est analysée au prisme d’autres idéologies réactionnaires, présentes sur l’ensemble de l’échiquier politique. Contester l’antiféminisme s’est révélé difficile du fait de la nature diffuse et souvent peu cohérente de ce courant, conjointement à son ancrage dans les institutions culturelles et politiques. L’auteure qui s’appuie sur l’abondante littérature antiféministe de l’époque, analyse le visage inédit de facettes plus anciennes du patriar­cat et la pseudoscientificité de justifications s’inspirant du darwinisme social. Les résistances à tout changement démocratique, sous couvert d’insatisfaction à l’égard du système électoral en vigueur, ont contribué à recréer la « guerre des sexes ».

Antiféminisme — France — Histoire des femmes — Suffrage féminin — Égalité des sexes

Mireille Rabenoro — Le mythe des femmes au pouvoir, arme de l’antiféminisme à Madagascar

Le fait que cinq femmes ont régné à Madagascar au XIXe siècle est souvent mentionné pour nier la pertinence de la lutte pour l’égalité de genre. C’est faire abstraction de l’ascension des hommes politiques roturiers durant cette période, et surtout des influences occidentales imposées durant la colonisation (1896-1960), autant de facteurs qui ont profondément modifié les structures et les modes d’accès au pouvoir. Le bouleversement dans les mentalités est tel qu’aujourd’hui il est considéré comme normal — et traditionnel — qu’à la fois la réalité et l’apparence du pouvoir soient l’apanage des hommes.

Antiféminisme — Madagascar — Femmes et pouvoir — Rôles sexués — Sexisme — Égalité des sexes

Mathieu Caulier — L’antiféminisme des « populationnistes »

L’auteur propose une analyse des antiféminismes exprimés par des acteurs centraux du champ des politiques de population, devenu un espace « proféministe » recentré sur la « santé et les droits reproductifs » au cours des années 90. Cette « révolution », notée lors de la Conférence du Caire sur la population de 1994, a vu la victoire d’un groupe de voix féministes au sein des fondations philanthropiques et des organisations et la relégation relative des anciens experts et expertes en matière de « population ». Cette prise de pouvoir a délié l’expression d’un antiféminisme, souvent voilé de rectitude politique (politiquement correct), qui structure les représentations de l’espace social de la santé reproductive et opère une dichotomie entre expertise scientifique légitime et activisme idéologique illégitime.

Antiféminisme — Politiques de population — Droits reproductifs — Santé

Francis Dupuis-Déri — Le discours de la « crise de la masculinité » comme refus de l’égalité entre les sexes : histoire d’une rhétorique antiféministe

Le discours de la « crise de la masculinité » est aujourd’hui un lieu commun. Or cette prétendue crise de la masculinité survient alors que les hommes ont encore, en général, plus de pouvoir et de privilèges que les femmes. Il importe donc d’étudier, dans une perspective critique, la rhéto­rique de la « crise de la masculinité » pour évaluer le sens politique de ce discours. Ainsi, un retour dans l’histoire permet de constater qu’en Occident les hommes se prétendent en crise depuis au moins les cinq derniers siècles. Après avoir discuté plus précisément de trois périodes (le XVIIe siècle en Angleterre, la Révolution de 1789 en France et la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle en Occident), l’auteur accorde une attention particulière au discours contemporain. Son analyse permet de confirmer que ce discours est porteur d’une critique du féminisme et d’un refus de l’égalité entre les sexes. Ce discours sert aussi à justifier la (ré)affirmation d’une masculinité conventionnelle.

Antiféminisme — Masculinité — Virilité — Histoire de la virilité — Masculinisme

Marie-Carmen Garcia — Des féminismes aux prises avec l’« intersectionnalité » : le mouvement Ni Putes Ni Soumises et le Collectif féministe du Mouvement des indigènes de la République

Le mouvement Ni Putes Ni Soumises et le Collectif féministe du Mouvement des indigènes de la République ont cristallisé de vives oppositions entre les « pro- » et les « anti- » loi interdisant le port du foulard islamique à l’école. Cependant, au-delà de leurs différences, les positionnements de ces organisations posent la question des modalités de conciliation des luttes contre le sexisme avec les combats antiracistes. Dans cet article, l’auteure examine les enjeux idéologiques que suppose, dans les deux organisations, la prise en considération de la situation des hommes « racisés » qui tient lieu d’articulation entre antisexisme et antiracisme. Son hypothèse est que les productions discursives des deux mouvements contribuent à l’élaboration d’une problématique féministe aux prises avec l’« intersectionnalité ».

Antiféminisme — Ni Putes Ni Soumises — Mouvement des indigènes de la République — Postcolonialisme — Anitracisme — Intersectionnalité

Mélissa Blais — Y a-t-il un « cycle de la violence antiféministe » ? Les effets de l’antiféminisme selon les féministes québécoises

S’appuyant sur la recherche Les attaques antiféministes, menée en parte­nariat avec L’R des centres de femmes du Québec, l’auteure documente les actions antiféministes et analyse leurs effets sur le mouvement féministe québécois. Inspirée par l’hypothèse de L’R des centres de femmes, selon laquelle les féministes réagissent à la violence antiféministe comme les femmes violentées en contexte conjugal et postconjugal, l’auteure se demande s’il existe un « cycle de la violence antiféministe ». À l’aide de la théorie du « cycle de la violence conjugale » et des études féministes sur les violences masculines contre les femmes, elle observe les similitudes entre les effets de la violence conjugale et les effets de la violence anti­féministe, mais aussi les limites de l’analogie inhérentes aux dimensions collectives des attaques antiféministes.

Antiféminisme — Violences — Québec — Mouvement féministe — Masculinisme

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Lorena Parini, Matteo Gianni et Gaëtan Clavien — La transversalité du genre : l’islam et les musulmans dans la presse suisse francophone

Cet article a pour objectif d’analyser le rôle que tiennent les questions de genre dans le discours public de certains médias suisses francophones sur les musulmans et l’islam. Au fil de l’analyse quantitative et qualitative du corpus d’une recherche, on montre que les questions de genre traversent les thématiques abordées par le débat public à propos de la compatibilité ou de l’incompatibilité de la culture musulmane avec celle de la Suisse. Cela amène une interprétation des résultats du point de vue de l’usage politique du genre et de la constitution du sujet politique.

Islam — Suisse — Religion — Médias — Voile — Valeurs

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Estelle Ferrarese — bell hooks et le politique. La lutte, la souffrance et l’amour

hooks bell — Black feminism — Sororité — Politique (le) — Lutte — Empowerment

Abstracts

The Anti-feminisms

Anne-Marie Devreux and Estelle Lebel — Anniversaries Marked by Solidarity

Anne-Marie Devreux and Diane Lamoureux — The Anti-feminisms: Uncertainty with Tangible Expressions (Introduction)

Denise Couture — The Anti-feminism of the “New Feminism” Promoted by the Holy See

In his contemporary speech, the Holy See tackles feminism as it deems dangerous and threatening. He developed a phallocentric discourse new and suitable for its time, which reuses the feminist concepts reversing their meaning. The strategy of camouflage of his own phallocentrism works in part: it managed to avoid the opposition of an audience, both Catholic and citizen, for whom the theory of social subordination of women to men is inaudible and unacceptable. In this sense, the discourse of the Holy See corresponds to an anti-feminism.

Anti-feminism — Catholic Church — Women’s Rights — Theology — Feminist Movements — The Vatican

Helen Harden Chenut — The Anti-feminist Mind and the Suffrage Campaign (1880-1914)

Attempts to explain the persistent resistance to French women’s political rights have used various interpretive strategies. The approach in this essay centers on the anti-feminist reaction, in rhetoric and practice, to the mobilization of the French feminist and suffrage movements, on the eve of the Great War. It analyzes the nature of the “anti” positions in relation to other reactionary ideologies across the political spectrum. The diffuse, often unarticulated, nature of French anti-feminism, its embeddedness in cultural and political institutions made it hard for feminists to contest. The essay explores the renewal of older forms of patriarchy and its more contemporary pseudo-scientific rationale influenced by Social Darwinism. Resistance to democratic change of any kind, expressed as dissatisfaction with the existing electoral system, played a divisive role in recreating “la guerre des sexes.” Sources are drawn from the extensive anti-feminist literature of the period and a survey of elite male opinion published in the Parisian press in 1910.

Anti-feminism — France — Women’s History — Women’s Suffrage — Gender Equality

Mireille Rabenoro — The Myth of Women in Power, a Weapon of Anti-feminism in Madagascar

The fact that five women successively reigned in Madagascar in the XIXth century is usually used to deny that fighting for gender equality is relevant at all in the country. However, that would be ignoring how non-noble male politicians rose to power in that period, and also how Western influences were imposed during colonization (1896-1960). Those factors had such deep impact on mentalities that it is now considered normal — and part of traditions — that men should monopolize both the actuality and appearance of power.

Anti-feminism — Madagascar — Women And Power — Gender Roles — Sexism — Gender Equality

Mathieu Caulier — Population Controllers and the Resentment of Anti-feminism

This papers offers an analysis of the anti-feminism expressed by central actors of the field of population policies, which became a “pro-feminist” field refocused on “health and the reproductive rights” in the 1990s. This “revolution”, accomplished during the Cairo conference on population in 1994, saw the victory of a group of feminist agents within major philanthropic foundations and other organizations and the relative banishment of former experts in “population”. This appropriation of power loosened the expression of an anti-feminism, often veiled with politically correct discourse, which structures the representations of the social space of reproductive health institutions and operates a dichotomy between correct scientific expertise and ideological and illegitimate activism.

Anti-feminism — Population Policies — Reproductive Rights — Health

fleche

Francis Dupuis-Déri — The “crisis of Masculinity” Discourse as Refusal of Equality and as Anti-feminist Rhetoric : Historical and Contemporary Perspectives

Today, the “crisis of masculinity” discourse is a “cliché”. But this alleged crisis occurs while men still hold more power and privileges than women. It is therefore important to critically investigate the rhetoric about the “crisis of masculinity” and assess its political meaning. In order to do so, we begin by looking at Western history and show that men have been claiming to be in crisis for the last five centuries. After discussing more specifically three historical periods (England in the seventeenth century, France during the 1789 Revolution, and the West in the late nineteenth and early twentieth century), we pay special attention to contemporary discourse. The analysis confirms that the rhetoric about “crisis of masculinity” carries a critique of feminism and a rejection of gender equality. This discourse also justifies the (re)affirmation of conventional masculinity.

Anti-feminism — Masculinity — Virility — History Of Virility — Masculinism

Marie-Carmen Garcia — Feminisms Caught up in the Notion of Intersectionality : The Ni Putes Ni Soumises Movement and the Collectif féministe du Mouvement des indigènes de la République

The Ni Putes Ni Soumises movement and the Collectif féministe du Mouvement des indigènes de la République have cristalized oppositions between supporting and fighting the law that makes wearing the hijab in schools illegal. Beyond their differences, the positions of these organizations highlight modalities of conciliating fights against sexism in the battle against racism. In this article, we examine the ideological stakes that suppose, in both organizations, taking the situation of racialized men into account which articulates anti-sexism and anti-racism. Our hypothesis is that the discursive productions of the two movements contribute to the development of a central feminist question caught up in the notion of intersectionality.

Anti-feminism — Ni Putes Ni SoumisesMouvement des indigènes de La République — Post-Colonialism — Anti-Racism — Intersectionality

Mélissa Blais — Is there an “Anti-feminist Cycle of Violence”? The Effects of Anti-feminism According to Quebec Feminists

In the context of the Anti-feminist Attacks research, conducted in partnership with the R des centres de femmes du Québec, this article documents anti-feminist actions and analyses their effects on the Quebec feminist movement. Inspired by the hypothesis of the R, according to which feminist reactions to anti-feminist violence are the same as women’s reactions in a conjugal or post-conjugal violence context, the writer questions whether there is an “anti-feminist violence cycle”. Using the theory of the cycle of conjugal violence and feminist studies on male violence against women, she examines the similarities between the effects of conjugal violence and the effects of anti-feminist violence, but also the limits this analogies considering the inherently collective dimensions of the anti-feminist attacks.

Anti-feminism — Violence — Quebec — Feminist Movement — Masculinism

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Lorena Parini, Matteo Gianni and Gaëtan Clavien — The Transversality of Gender : Islam and Muslims in the Swiss French-speaking Press

This article aims to analyze the role that gender issues play in the public discourse on Muslims and Islam of several Swiss French-speaking Swiss media. Through a quantitative and qualitative analysis of the corpus of our research we show that gender issues go across the themes addressed in the public debate about the compatibility or incompatibility of Muslim culture with the one prevailing in Switzerland. This leads us to interpret these results in the perspective of the political use of gender and the political constitution of the subject.

Islam — Switzerland — Religion — Media — Veil — Values

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Estelle Ferrarese — bell hooks and the Political. Struggle, Suffering and Love

hooks bell — Black Feminism  — Sisterhood — Political (The) — Struggle — Empowerment

Resúmenes

Los antifeminismos

Anne-Marie Devreux y Estelle Lebel — Unos cumpleaños bajo el signo de la solidaridad

Anne-Marie Devreux y Diane Lamoureux — Antifeminismos: una nebulosa que tiene manifestaciones tangibles  (Introducción)

Denise Couture — El antifeminismo del “nuevo feminismo” preconizado por la Santa-Sede

En su discurso contemporáneo, la Santa-Sede ataca al feminismo que juzga peligroso y amenazante. Ha elaborado un discurso falocéntrico ejemplar, nuevo y adaptado a su tiempo, que reutiliza conceptos feministas invirtiendo su significado. La estrategia de camuflaje de su propio falocentrismo funciona en parte: logra evitar la oposición de un auditorio, tanto católico como ciudadano, para quienes la tesis de la subordinación social de los grupos de las mujeres a los grupos de los hombres es inaudible e inaceptable. En este sentido, el discurso de la Santa-Sede corresponde bien a un antifeminismo.

Antifeminismo — Iglesia católica — Derechos de las mujeres — Teología — Movimientos feministas — Vaticano

Helen Harden Chenut — El espíritu antifeminista y la campaña por el sufragio en Francia, 1880-1914

La oposición obstinada a los derechos políticos de las francesas ha sido objeto de diversas interpretaciones. La autora se interesa aquí por la reacción antifeminista – en retórica y en la práctica – en lo que respecta la movilización de las feministas y por el sufragio femenino, en la víspera de la Gran Guerra. La naturaleza de las posiciones “anti” es analizada bajo el prisma de otras ideologías reaccionarias, presentes sobre el conjunto del ajedrez político. Contestar el antifeminismo se ha mostrado difícil debido al hecho de la naturaleza difusa y con frecuencia poco coherente de esa corriente, conjuntamente con su anclaje en las instituciones culturales y políticas. La autora quien se apoya sobre la abundante literatura antifeminista de la época, analiza el rostro inédito de facetas más antiguas del patriarcado y la pseudocientificidad de justificaciones que se inspiran del darwinismo social. Las resistencias a todo cambio democrático, bajo el pretexto de insatisfacción respecto al sistema electoral en vigor, han contribuido a recrear la “guerra de los sexos”.

Antifeminismo — Francia — Historia de las mujeres — Sufragio femenino — Igualdad de los sexos

Mireille Rabenoro — El mito de las mujeres en el poder, arma del antifeminismo en Madagascar

El hecho de que cinco mujeres han reinado en Madagascar en el siglo XIX es con frecuencia mencionado para negar la pertinencia de la lucha por la igualdad del género. Es hacer abstracción de la ascensión de los hombres políticos plebeyos durante este periodo, y sobre todo de las influencias occidentales impuestas durante la colonización (1896-1960), tantos factores que han modificado profundamente las estructuras y los modos de acceso al poder. El cambio radical en las mentalidades es tal que hoy en día es considerado como normal — y tradicional — que a la vez la realidad y la apariencia del poder sean exclusivamente privilegios de los hombres.

Antifeminismo — Madagascar — Mujeres y poder — Papeles sexuados — Sexismo — Igualdad de los sexos

Mathieu Caulier El antifeminismo de los·las “poblacionistas”

El autor propone un análisis de los antifeminismos expresados por actores centrales del campo de las políticas de población, convertido en un espacio “profeminista” reajustado sobre la “salud y los derechos reproductivos” durante los años 90. Esta “revolución”, señalada durante la Conferencia del Cairo sobre la población de 1994, vio la victoria de un grupo de voces feministas en el seno de las fundaciones filantrópicas y de las organizaciones y la relegación relativa de los antiguos expertos en materia de “población”. Esta toma de poder ha desatado la expresión de un antifeminismo, con frecuencia empañado de rectitud política (políticamente correcto), que estructura las representaciones del espacio social de la salud reproductiva y opera una dicotomía entre pericia científica y activismo ideológico ilegítimo.

Antifeminismo — Políticas de población — Derechos reproductivos — Salud

Francis Dupuis-Déri — El discurso de la “crisis de la masculinidad” como rechazo de la igualdad entre los sexos: historia de una retórica antifeminista

El discurso de la “crisis de la masculinidad” es actualmente un lugar común. Ahora bien esta pretendida crisis de la masculinidad sobreviene mientras que los hombres tienen todavía, en general, más poder y privilegios que las mujeres. Es importante de estudiar, en una perspectiva crítica, la retórica de la “crisis de la masculinidad” para evaluar el sentido político de ese discurso. Así, un regreso en la historia permite constatar que en Occidente los hombres se dicen en crisis desde al menos los últimos cinco siglos. Después de haber discutido más precisamente de tres periodos (el siglo XVII en Inglaterra, la Revolución de 1789 en Francia y el fin del siglo XIX y el inicio del siglo XX en Occidente), el autor acuerda una atención particular al discurso contemporáneo. Su análisis permite confirmar que este discurso es portador de una crítica del feminismo y de un rechazo de la igualdad entre los sexos y sirve también para justificar la (re)afirmación de una masculinidad convencional.

Antifeminismo — Masculinidad — Virilidad — Historia de la virilidad — Masculinismo

Marie-Carmen Garcia — Unos feminismos que se enfrentan con la “interseccionalidad”: el movimiento de Ni Putes Ni Soumises y el Colectivo feminista del Mouvement des indigènes de la République

El movimiento de Ni Putes Ni Soumises y el Coletivo feminista del Mouvement des indigènes de la République han cristalizado intensas oposiciones entre los “pro” y los “anti” ley prohibiendo el uso del velo islámico en la escuela. No obstante, más allá de sus diferencias, los posicionamientos de esas organizaciones plantean la cuestión de las modalidades de conciliación de las luchas contra el sexismo con los combates antirracistas. En este artículo, la autora examina los intereses ideológicos que supone, en las dos organizaciones, la toma en consideración de la situación de los hombres “racizados” que tiene lugar de articulación entre antisexismo y antirracismo. Su hipótesis es que las producciones discursivas de los dos movimientos contribuyen a la elaboración de una problemática feminista que se enfrenta con la “interseccionalidad”.

Antifeminismo — Ni Putes Ni Soumises — Mouvement des indigènes de la République — Poscolonialismo — Antirracismo — Interseccionalidad

Mélissa Blais — Hay un “ciclo de violencia antifeminista”? Los efectos del antifeminismo según las feministas quebequesa

Apoyándose sobre la investigación Les attaques antiféministes, llevada a cabo en cooperación con la red L’R de los centros de mujeres de Quebec, la autora documenta las acciones antifeministas y analiza sus efectos sobre el movimiento feminista quebequés. Inspirada por la hipótesis de L’R de los centros de mujeres, según la cual las feministas reaccionan a la violencia antifeminista como las mujeres maltratadas en contexto conyugal y posconyugal, la autora se pregunta si existe un “ciclo de la violencia antifeminista”. Con la ayuda de la teoría del “ciclo de la violencia conyugal” y de los estudios feministas sobre las violencias masculinas contra las mujeres, ella observa las similitudes entre los efectos de la violencia conyugal y los efectos de la violencia antifeminista, pero también los límites de la analogía inherentes a las dimensiones colectivas de los ataques antifeministas.

Antifeminismo — Violencias — Quebec — Movimiento feminista — Masculinismo s

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Lorena Parini, Matteo Gianni et Gaëtan Clavien — La transversalidad de género: el islam y los musulmanes en la prensa suiza francófona

Este artículo tiene por objetivo analizar el papel que tienen las cuestiones de género en el discurso público de ciertos medios suizos francófonos sobre los musulmanes y el islam. A lo largo del análisis cuantitativo y cualitativo del corpus de una investigación, mostramos que las cuestiones de género traspasan las temáticas abordadas por el debate público a propósito de la compatibilidad o de la incompatibilidad de la cultura musulmana con la de la Suiza. Eso lleva a una interpretación de los resultados de un punto de vista del uso de la política de género y de la constitución del sujeto político.

Islam — Suiza — Religión — Medios de comunicación — Velo — Valores

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Estelle Ferrarese — bell hooks y lo político. La lucha, el sufrimiento y el amor

hooks bell — Black feminism — Sororidad — Político (lo) — Lucha — Empoderamiento

Auteur•es

Mélissa Blais est doctorante en sociologie, enseignante et profession­nelle de recherche à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Membre du Réseau québécois en études féministes (RéQEF) et du Groupe interdisciplinaire de recherche sur l’antiféminisme (GIRAF) de l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF/UQAM), elle est l’auteure de l’ouvrage intitulé « J’haïs les féministes! » Le 6 décembre 1989 et ses suites (Les éditions du remue-ménage 2009). Elle a également codirigé l’ouvrage collectif Le mouvement masculiniste au Québec : l’antiféminisme démasqué (Les éditions du remue-ménage 2008).

Mathieu Caulier, docteur en anthropologie de l’École des hautes études en sciences sociales de Paris (EHESS), a travaillé sur les questions du genre et de santé reproductive en Amérique latine. Il a publié récemment « The Population Revolution : From Population Policies to Gender Politics » dans la Revue internationale de sociologie, article qui prolonge ses recherches sur la transformation des politiques de population dans les Amériques. Actuellement postdoctorant au Centre de recherche, médecine, sciences, santé, santé mentale, société (CERMES3) de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), il prépare plusieurs publications sur la recherche biomédicale et les mouvements de femmes pour la santé.

Gaëtan Clavien est adjoint scientifique au Département de science politique et chargé d’enseignement à l’Institut des sciences de la communication et des médias de l’Université de Genève. Il a ré­cemment écrit avec Matteo Gianni « Representing Gender, Defining Muslims? Gender and Figures of Otherness in Public Discourse in Switzerland », dans Christopher Flood et autres (dir.), Islam in the Plural : Identities, (Self-) Perceptions and Politics (Amsterdam : Brill, à paraître).

Denise Couture est professeure titulaire à la Faculté de théologie et de sciences des religions de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur les femmes et les religions, sur l’éthique théologique, les théologies féministes et les théologies de la libération. Elle dirige une recherche sur l’interreligieux féministe, subventionnée par le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada. Elle a été directrice de la revue Théologiques, de 2006 à 2011, et est coordonnatrice du Centre de théologie et d’éthique contextuelles québécoises (CETECQ). Elle est membre de la collective québécoise, féministe et chrétienne L’Autre Parole, un groupe de la base qui publie depuis 35 ans la revue du même nom.

Anne-Marie Devreux, directrice de recherche CNRS, dirige les Cahiers du Genre. Ses travaux portent sur la théorie des rapports sociaux de sexe et sur les hommes comme dominants. Elle a codirigé Sous les sciences sociales, le genre. Relecture critique de Max Weber à Bruno Latour (La Découverte 2010) et publié « Féminisme et syndicalisme : peut-on objectiver le savoir militant ? », dans Delphine Naudier et Maud Simonet, Des sociologues sans qualités ? Pratiques de recherche et engagement (La Découverte 2011).

Francis Dupuis-Déri est professeur de science politique et responsable du Groupe interdisciplinaire de recherche sur l’antiféminisme (GIRAF) de l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF) de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Il est aussi associé au Réseau québécois en études féministes (RéQEF). Il a codirigé les ouvrages collectifs Retour sur un attentat antiféministe : École Polytechnique, 6 décembre 1989 (Les éditions du remue-ménage, 2010), avec Mélissa Blais, Lyne Kurtzman et Dominique Payette, et Le mouvement masculiniste au Québec : l’antiféminisme démasqué (Les éditions du remue-ménage, 2008). Il a aussi publié plusieurs articles sur le masculinisme, en collaboration avec Mélissa Blais et a signé deux articles dans la revue Recherches féministes : « Le “masculinisme” : une histoire politique du mot (en anglais et en français) » (2009) et « Les hommes proféministes : compagnons de route ou faux amis ? » (2008).

Estelle Ferrarese est politologue. Elle est maître de conférences à l’Université de Strasbourg. Ses travaux portent sur les théories de l’espace public, la théorie de la reconnaissance, la théorie critique, et le genre. Elle est notamment l’auteure de Éthique et politique de l’espace public. Habermas et la discussion, Paris, Vrin, à paraître en 2012. Elle a traduit et édité : Nancy Fraser, Repenser la justice sociale : de la redistribution à la reconnaissance ?, Paris, La Découverte « Textes à l’appui », 2005.

Marie-Carmen Garcia est sociologue, maître de conférences à l’Université Lumière Lyon 2 et chercheuse au Centre Max-Weber. Ses travaux portent principalement sur les productions du genre dans des contextes institutionnels particuliers. Elle a publié récemment « Artistes de cirque contemporain » (La Dispute, 2011).

Matteo Gianni est professeur associé au Département de science politique de l’Université de Genève. Il travaille actuellement sur la question de l’intégration de la population musulmane en Suisse et en Europe. Parmi ses dernières publications, il a coédité le livre Musulmans d’aujourd’hui : identités plurielles en Suisse (Labor et Fides, 2009).

Helen Harden Chenut est historienne des mouvements sociaux et de l’histoire des femmes en France, sujets qu’elle a enseignés au Département d’histoire à l’Université de Californie à Irvine. Elle a fait ses études universitaires aux États-Unis et soutenu son doctorat à l’Université de Paris VII. Ses recherches actuelles portent sur l’histoire du féminisme français et l’opposition des élites masculines au suffrage féminin pendant la Belle Époque : The Fabric of Gender : Working Class Culture in Third Republic France (University Park, Pennsylvania State University Press, 2005); traduction française : Les ouvrières de la République : Les bonnetières de Troyes sous la Troisième République (Rennes, Presses universitaires de Rennes 2010); Breaking the Silence : French Women’s Voices From the Ghetto (Berkeley, University of California Press, 2006); traduction française du livre de Fadela Amara, Ni Putes Ni Soumises (Paris, La Découverte, 2003).

Diane Lamoureux est professeure de philosophie politique au dépar­tement de science politique de l’Université Laval (Québec, Canada). Ses travaux récents portent sur l’impact conjugué du néolibéralisme et du néoconservatisme sur les sociétés occidentales contemporaines. Elle est l’auteure de plusieurs travaux sur le féminisme, l’anti­féminisme et les théories féministes dont le plus récent est Pensées rebelles (2010), publié aux éditions du remue-ménage.

Lorena Parini est maître d’enseignement et de recherche à l’Institut des études sur le genre de l’Université de Genève. De formation politiste, elle s’intéresse aux questions de théorie féministe et de genre et elle travaille principalement dans les domaines des études postcoloniales, gaies et lesbiennes.

Mireille Rabenoro, maître de conférences à l’Université d’Antananarivo, à Madagascar, a également travaillé dans l’Administration, notamment comme directrice de la Condition de la femme au ministère malgache de la Population. Elle est actuellement engagée dans la promotion de l’objectif qui consiste à faire siéger 50 % de femmes à tous les postes de décision d’ici 2015.

Cahiers du Genre n°52/2012

mai, 270 p.

ISSN  1165-3558 – ISBN 978-2-296-96551-5