Migrantes et mobilisées

Coordonné par Danièle Kergoat, Adelina Miranda et Nouria Ouali

Les mobilisations des femmes migrantes s’enracinent dans une longue histoire souvent invisibilisée. Aujourd’hui, elles se manifestent tant dans le tissu associatif que dans les structures syndicales, les organisations de sans-papiers ou le Bureau international du travail. Dans une perspective européenne, ce numéro explore les revendications et les caractéristiques des femmes qui se mobilisent. Il propose enfin une réflexion sur le processus d’émancipation.

Introduction

 

Vous trouverez, en suivant ce lien, l’Introduction en version pdf

Sommaire

 Dossier

Adelina Miranda, Nouria Ouali et Danièle Kergoat
Les mobilisations des migrantes : un processus d’émancipation invisible ? (Introduction) [p. 5-24]

Mirjana Morokvasic
L'(in)visibilité continue [p. 25-47]

Giovanna Campani
Les femmes immigrées dans une société bloquée : parcours individuels et organisations collectives en Italie [p. 49-67]

Hélène Yvonne Meynaud
Réclamer sa juste part : des mouvements de migrantes aux sans-papières en grève [p. 69-91]

Christine Catarino
Politiques migratoires et politiques d’emploi : la flexibilité sexuée en Europe [p. 93-112]

Helen Schwenken
Mobilisation des travailleuses domestiques migrantes : de la cuisine à l’Organisation internationale du travail [p. 113-133]

Umut Erel
Rendre visible l’activisme des femmes migrantes [p. 135-154]

Cassandra Ellerbe-Dueck
Revendications politiques et émancipation des femmes noires en Allemagne et en Autriche [p. 155-175]

Hors-champ

Samuel Julhe et Stéphanie Mirouse
Vers la maîtrise de l’exubérance corporelle enfantine : la ‘mise au pas’ de très jeunes danseuses [p. 177-198]

Document

Danièle Combes
Oppression des femmes et solidarités de couple [p. 199-215]

Notes de lecture

— Priscille Touraille. Hommes grands, femmes petites : une évolution coûteuse. Les régimes de genre comme force sélective de l’adaptation biologique ; et : Éric Brian et Marie Jaisson. Le sexisme de la première heure. Hasard et sociologie (Séverine Sofio)

— Carole Pateman. Le contrat sexuel (Estelle Ferrarese)

— Richard Poulin. Sexualisation précoce et pornographie (Yvonne Guichard-Claudic)

— Sébastien Roux. No money, no honey. Économies intimes du tourisme sexuel en Thaïlande (Isabelle Clair)

— Léo Thiers-Vidal. De « l’Ennemi principal » aux principaux ennemis. Position vécue, subjectivité et conscience masculines de domination (Marie Mathieu)

— Natacha Chetcuti. Se dire lesbienne. Vie de couple, sexualité, représentation de soi (Patricia Legouge)

— Josette Coenen-Huther. L’égalité professionnelle entre hommes et femmes : une gageure (Hervé Polesi)

— Beate Collet et Claudine Philippe (eds), avec la participation de Gabrielle Varro. MixitéS. Variations autour d’une notion transversale (Hélène Yvonne Meynaud)

— Eleni Varikas. Les rebuts du monde. Figures du paria (Danielle Chabaud-Rychter)

[p. 217-250]

Notes de lecture numéro 51

Résumés

Mirjana Morokvasic — L’(in)visibilité continue

Alors qu’il est plus courant de s’interroger sur les raisons des silences en ce qui concerne les femmes en migrations, je m’intéresse dans ce texte aux origines et à la nature de la nouvelle visibilité de celles qui furent longtemps invisibles. Seraient-elles plus nombreuses, leur profil aurait-il changé — comme semble le suggérer l’adhésion généralisée à l’idée de la ‘féminisation des flux’ ? Ou, grâce à un long processus de ‘visibilisation’, sommes-nous devenu·e·s plus aptes à voir ce qui fut à l’ombre ? L’article propose d’abord une interrogation de cette ‘féminisation’. Puis il analyse les processus de ‘mise en visibilité’ des femmes migrantes dans la recherche et dans les politiques publiques. Il montre comment les recherches sur les migrations et celles sur le genre se font écho. Deux figures focalisent l’attention : la victime et la travailleuse domestique. Mais d’autres restent dans l’ombre, comme celle des migrantes ayant leur propre stratégie, économique ou matrimoniale.

Genre et migrations — Migrations (recherches sur) — Travail des femmes — Politiques publiques — Victimisation — Féminisation des flux

Giovanna Campani — Les femmes immigrées dans une société bloquée : parcours individuels et organisations collectives en Italie

L’analyse de la situation migratoire italienne montre que les étrangères qui travaillent dans le secteur domestique et de l’assistance aux personnes âgées se retrouvent dans une position ‘bloquée’, sans aucune perspective de s’en sortir. Pour saisir cette situation, il faut savoir que la condition des femmes italiennes a subi un véritable backlash, une sorte de ‘contre-attaque’ en termes de représentations sociales et de droits. L’auteure s’interroge sur l’impact qu’aurait eu la création d’un certain nombre d’associations de femmes immigrées et sur le rôle de ses dirigeantes. Nous verrons que la volonté de participation à la sphère publique n’a pas débouché sur une action collective pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des femmes immigrées ou pour acquérir davantage de droits.

Italie — Femmes immigrées — Travailleuses domestiques — Femmes et migrations — Associations de femmes

Hélène Yvonne Meynaud — Réclamer sa juste part : des mouvements de migrantes aux sans-papières en grève

Les migrantes, tolérées comme épouses de, sont assignées à des situations de travail difficiles, mal payées, précaires. Bien visibles lorsqu’il s’agit d’utiliser leur force de travail, elles sont invisibilisées symboliquement. Depuis quarante ans, au fil de leur arrivée en France, elles ont construit des mouvements, journées d’action, associations puis participé à des occupations de locaux symboliques avec un discours humanitaire de droit au séjour. Le secteur du ménage et du nettoyage s’étant flexibilisé et durci dans la sous-traitance, elles se réclament du droit du travail. Passant de l’ombre à la lumière, et malgré les freins à leurs actions, des sans-papières se sont autonomisées, syndiquées, ont organisé des grèves.

Sans-papières — Grèves de femmes — Travailleuses domestiques — Femmes et migrations — Précarité

Christine Catarino — Politiques migratoires et politiques d’emploi : la flexibilité sexuée en Europe

Dans un contexte marqué à la fois par une précarisation et une flexibilisation de l’emploi et du travail ; par une individualisation et une contractualisation des processus d’insertion économique en général, et d’intégration dans les sociétés d’accueil en particulier, cet article s’interroge plus spécialement sur les effets sexués de politiques publiques présumées neutres : politiques migratoires, politiques d’emploi et de retour à l’emploi. Il met au jour les contradictions engendrées par ces politiques touchant particulièrement les femmes et qui s’ordonnent autour des oppositions : consolidation/précarité économique ; pérennité de l’installation/brièveté du séjour ou mobilité sur le long terme/court terme ; parcours individuel/assignation sociale au groupe d’appartenance présumé ; statut autonome/dépendant.

Europe — Politiques d’emploi — Politiques migratoires — Femmes et migrations — Intégration

Helen Schwenken — Mobilisation des travailleuses domestiques migrantes : de la cuisine à l’Organisation internationale du travail

La négociation de la convention « Travail décent pour les travailleuses et travailleurs domestiques » à l’Organisation internationale du travail (OIT), en 2010 et en 2011, sort de l’invisibilité les travailleuses domestiques. Cet article analyse comment celles-ci se mobilisent en faveur d’une convention et comment elles participent aux négociations internationales en relevant les défis posés notamment par la structure tripartite de l’OIT. En examinant les questions abordées par la convention, cet article soutient que le fait d’appréhender le travail domestique salarié comme une question relevant du travail permet de sortir de l’invisibilité la relation de travail qui existe entre les employées domestiques et leurs employeurs et encourage une approche axée sur la défense des droits. On constate cependant qu’en focalisant l’attention sur la question du travail, la convention occulte d’autres questions telles que la division sexuelle et internationale du travail.

Travailleuses domestiques — Organisation internationale du travail — Mouvements de femmes — Mondialisation du travail — Femmes et migrations

Umut Erel — Rendre visible l’activisme des femmes migrantes

Les femmes migrantes sont généralement placées en marge de la représentation politique dans leur pays de résidence. Toutefois, le fait de rendre visible leur activisme politique peut aider à remettre en question certaines conceptions étroites de la citoyenneté. En s’appuyant sur les récits de vie de femmes migrantes originaires de Turquie, cet article montre les évolutions des champs et des sujets politiques élaborés par les femmes migrantes en Allemagne dans les années 1990. D’une part, il étudie comment les femmes migrantes remettent en question l’idéal d’une identité politique ‘authentique’, en vigueur dans le pays d’origine ; d’autre part, il étudie la constitution d’un sujet politique sciemment interethnique par les femmes migrantes et noires.

Femmes et migrations — Allemagne — Turquie — Citoyenneté — Mouvements de femmes — Racisme

Cassandra Ellerbe-Dueck — Revendications politiques et émancipation des femmes noires en Allemagne et en Autriche

Cet article analyse le processus de création du Black European Women’s Council (BEWC, le Conseil européen des femmes noires) et la mobilisation politique des femmes de la diaspora noire africaine en Allemagne et en Autriche. À partir de l’étude de cas du BEWC, je soutiens que cette structure, qui fédère les organisations de femmes politiquement actives en Allemagne, en Autriche et en Europe, contribue à créer un espace de sécurité et les conditions de leur émancipation. Je considère également que le BEWC s’inscrit dans la continuité de l’activisme politique méconnu des militantes noires engagées dans les luttes pour la justice sociale initiées à la fin des années 1970 en Europe. 
Allemagne — Autriche — Mouvements de femmes — Intersectionnalité — Émancipation — Racisme

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Samuel Julhe et Stéphanie Mirouse — Vers la maîtrise de l’exubérance corporelle enfantine : la ‘mise au pas’ de très jeunes danseuses

La danse, prise au sens large, est souvent envisagée comme un exemple typique d’activité de loisirs conduisant à l’inculcation précoce de normes corporelles propres au ‘féminin’. Néanmoins, peu de travaux se sont spécifiquement intéressés aux premiers temps d’apprentissage de cette discipline. Ce travail vise à rendre compte d’une recherche ethnographique réalisée dans deux structures associatives d’éducation chorégraphique. Deux groupes de jeunes danseuses, âgées de 4 à 11 ans, ont été suivis dans leurs premières leçons d’initiation ou après quelques années de pratiques. Au croisement d’une sociologie de la socialisation et d’une sociologie de l’enfance, cet article porte plus particulièrement son attention sur les modalités de la socialisation corporelle de fillettes et de l’appropriation progressive d’éléments susceptibles de les constituer en ‘classe de sexe’.  

Danse — Enfance — Socialisation corporelle — Exubérance physique — Corporéité — Identités sexuées — Normes

Abstracts

Women migrants and activists

Adelina Miranda, Nouria Ouali and Danièle Kergoat — Mobilizations of women migrants: A process of invisible emancipation? (Introduction)

Mirjana Morokvasic — Continuing (in)visibility

Although it is more usual to consider the reasons for the silences concerning women in migration, I am interested here in the origins and nature of the new visibility of those who were for a long time invisible. Are women on the move more numerous today and/or has their profile changed — as suggested by the conventional wisdom about ‘feminization of migration flows’? Or are we now more capable of perceiving what used to be hidden thanks to a long process of rendering these women visible? This article begins by questioning this “feminization”. Then it analyzes the processes whereby migrant women have “become visible” in research and public policies. It shows how research on migration and gender echo each other. Two figures attract particular attention — the victim and the domestic worker — while others remain obscure, such as migrants with their own economic or matrimonial strategies.

Gender and migration — Migration (research on) — Women’s work — Public policies — Victimization — Feminization of flows

Giovanna Campani — Women immigrants in a blocked society: Individual itineraries and collective organizations in Italy

An analysis of the Italian migratory situation shows that foreigners who work in the domestic sector and care for the elderly find themselves in a “blocked” situation without prospects of escape. This is parallel to a real “backlash” or “counter-attack” in terms of social representation and rights that affects Italian women. The article considers the impact of the creation of a number of immigrant women’s associations and the role of their leaders. It argues that the desire to participate in the public sphere has not lead to collective action for the improvement of the living and working conditions of immigrant women or to acquiring more rights.

Italy — Immigrant women — Female domestic workers — Female migrations — Women’s associations

Hélène Yvonne Meynaud — Claiming their fair share: From migrant movements to undocumented women workers’ strikes

Women migrants, tolerated as “the wives of”, are given difficult, badly paid, precarious work. Perfectly visible when it is a question of using their labour, they are symbolically made invisible. Over the last forty years, as they have arrived in France, they have built movements, days of action and associations, as well as taken part in the occupation of symbolic buildings claiming the humanitarian right to stay. As the domestic work and cleaning sector has become casualized and hardened through subcontracting, they have demanded labor legislation. Despite the brakes on their action, undocumented women workers have become independent, joined trade unions and organized strikes.

Undocumented women workers — Women’s strikes — Women domestic workers — Women and migration — Precariousness

Christine Catarino — Migration and employment policies: Gendered flexibility in Europe

This article considers the gendered effects of supposedly neutral public policies in a context marked both by casualization and flexibilization of employment and work as well as by individualization and contractualization of the process of economic insertion in general, and integration in the host societies in particular. Specifically, it examines policies concerning migration, employment and the return to employment. It reveals in particular the contradictions generated by these policies concerning women, which are organized in oppositional pairs: economic consolidation/precariousness; long term residence/short stay or mobility in the long run/short term; individual itineraries/social assignment to a supposed group membership; autonomous /dependent status.

Europe — Labour policies — Migrations policies — Women and migration — Integration

Helen Schwenken — Migrant domestic workers mobilizations: From the kitchen to the International Labour Organization

The negotiation of the convention “Decent work for domestic workers” at the International Labour Organization (ILO) in 2010/2011 counters domestic workers’ invisibility. The paper engages with the question of how domestic workers mobilize towards a convention and how they cope with international negotiations given challenges such as the peculiar terrain of ILO’s tripartism. Through an analysis of the content of the convention, the paper argues that the framing of domestic work as a labour issue makes the so far invisible labour relation between domestic workers and their employers visible and promotes a rights-based approach, at the cost, however, of obscuring other dimensions such as the gendered and international division of labour.

Women domestic workers — International labour organization — Women’s movements — Globalization of labor — Women and migration

Umut Erel — Making migrant women’s activism visible

Migrant women are marginalized from political representation in their countries of residence. Making their political activism visible can help challenge narrow conceptions of citizenship. Drawing on life-story research with migrant women from Turkey, the article shows the changing fields of politics, and subjects of politics constructed by migrant women in Germany in the 1990s. It explores how migrant women challenge ideals of authentic political identities in homeland politics, as well as the development of a self consciously cross-ethnic political subject as migrant and Black women.

Women and migration — Germany — Turkey — Citizenship — Women’s movements — Racism

Cassandra Ellerbe-Dueck — Political demands and the emancipation of Black women in Germany and Austria

This essay addresses the establishment of the Black European Women’s Council and explores the political mobilization of Black women in Germany and Austria. Utilising the BEWC as a case study, it argues that this transnational council functions as a type of cross-border network, which builds not only links between politically active African/Black diasporic women in Germany and Austria, and across the continent, but that the BEWC can also be viewed as the continuation of prior political activism by Black female activists in Europe.

Germany — Austria — Women’s movements — Intersectionality — Emancipation — Racism

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Samuel Julhe et Stéphanie Mirouse — Towards the control of children’s corporal exuberance: “Bringing into lock step” very young dancers

Dance, in a broad sense, is often considered a typical example of a leisure activity leading to the early inculcation of feminine bodily norms. Nevertheless, few work has been specifically interested in the earliest stages of training in this discipline. This article describes an ethnographic research project carried out in two local dance schools. Two groups of young dancers, from 4 to 11 years old, were observed during their first lessons of initiation or after a few years experience. Drawing on both the sociology of socialization and the sociology of childhood, the authors pay particular attention to the methods of socialization of young girls’ bodies and the gradual assimilation of ways of being that transform them into gendered bodies.

Dance — Childhood — Bodily socialization — Corporeality — Physical exuberance — Gender identities — Norm

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Danièle Combes — Women’s oppression and the solidarity of couple

Resúmenes

Migrantes y movilizadas

Adelina Miranda, Nouria Ouali y Danièle Kergoat — ¿Las movilizaciones de las mujeres migrantes: un proceso de emancipación invisible? (Introducción)

Mirjana Morokvasic — La (in)visibilidad contínua

Aunque sea más común interrogarse sobre las razones del silencio con respecto a las mujeres en situación migratoria, yo me intereso en este texto a los orígenes y a la naturaleza de la nueva visibilidad de aquellas que fueron por mucho tiempo invisibles. Serían más numerosas, sus perfiles habrían cambiado — como parece sugerir la adhesión generalizada a la idea de la ‘feminización de los fluros’? O, gracias a un largo proceso de ‘visibilización’, nos hemos vuelto más capaces de ver lo que estaba en la sombra? El artículo propone, en primer lugar, una interrogación de esta ‘feminización’. Después analiza los procesos de ‘puesta en visibilidad’ de las mujeres migrantes en la investigación y en las políticas públicas. Muestra como las investigaciones sobre las migraciones y aquellas sobre el género están relacionadas. Dos figuras focalizan la atención: la víctima y la trabajadora doméstica. Pero otras se quedan en la sombra, como aquellas de las migrantes teniendo su propia estrategia, económica o matrimonial.

Género y migraciones — Migraciones (investigación sobre) — Trabajo de las mujeres — Políticas públicas — Victimización — Feminización de los fluros

Giovanna Campani — Las mujeres inmigrantes en una sociedad bloqueada: recorridos individuales y organizaciones colectivas en Italia

El análisis de la situación migratoria italiana muestra que las extranjeras que trabajan en el sector doméstico y de cuidado a la gente mayor, se encuentran en una posición ‘bloqueada’, es decir, sin ninguna perspectiva. Para comprender esta situación, hay que saber que la condición de las mujeres italianas ha sufrido un verdadero backlash, un tipo de contra-ataque en términos de representaciones sociales y de derechos. La autora se cuestiona sobre el impacto que hubiera tenido la creación de un cierto número de asociaciones de mujeres inmigradas y sobre el papel de sus dirigentes. Veremos que la voluntad de participación en la esfera pública no desembocó en una acción colectiva orientada a la mejora de las condiciones de vida y de trabajo de las mujeres inmigradas o en la adquisición de derechos.

Italia — Mujeres inmigradas — Trabajadoras domésticas — Mujeres y migraciones — Asociaciones de mujeres

Hélène Yvonne Meynaud — Reclamar su parte justa: de los movimientos de mujeres migrantes a los sin papeles en huelga

Las migrantes, toleradas como esposas de, están asignadas a situaciones de trabajo difíciles, mal pagadas, precarias. Bien visibles cuando se trata de usar su fuerza de trabajo, ellas son invisibilizadas simbólicamente. Desde hace cuarenta años, a lo largo de su llegada en Francia, han construido movimientos, jornadas de acción, asociaciones y participado a ocupaciones de locales simbólicos con un discurso humanitario sobre el derecho de residencia. Puesto que el sector de lo doméstico y de la limpieza se ha flexibilizado y endurecido en la subcontratación, ellas se reivindican del derecho del trabajo. Pasando de la sombra a la luz, y a pesar de los frenos a sus acciones, las mujeres sin papeles se han autonomizado, sindicalizado, han organizado huelgas.

Mujeres sin papeles — Huelgas de mujeres — Trabajadoras domésticas — Mujeres y migraciones — Precariedad

Christine Catarino — Políticas migratorias y políticas de empleo: la flexibilidad sexuada en Europa

En un contexto marcado a la vez por una precarización y una flexibilización del empleo y del trabajo, por una individualización y una contractualización de los procesos de inserción económica en general, y de integración en las sociedades de acogida en particular, este artículo se interroga particularmente sobre los efectos sexuados de las políticas públicas presuntamente neutrales: políticas migratorias, de empleo y de regreso al empleo. Pone en evidencia las contradicciones generadas por esas políticas que afectan particularmente a las mujeres y que se ordenan alrededor de las oposiciones: consolidación/ precariedad económica; perennidad/estancia de corta duración o movilidad sobre el largo/corto plazo; recorrido individual/asignación social al supuesto grupo de pertenencia; estatuto autónomo/dependiente.

Europa — Políticas de empleo — Políticas migratorias — Mujeres y migraciones — Integración

Helen Schwenken — Movilización de las trabajadoras domésticas migrantes: de la cocina a la Organización internacional del trabajo

La negociación de la convención « Trabajo decente para las trabajadoras y trabajadores domésticos » en la Organización internacional del trabajo (OIT), en 2010 y 2011, saca de la invisibilidad a las trabajadoras domésticas. Este artículo analiza como éstas se movilizan a favor de una convención y cómo participan a las negociaciones internacionales aceptando los retos puestos particularmente por la estructura tripartita de la OIT. Al examinar las cuestiones tratadas por la convención, este articulo sostiene que el hecho de aprehender el trabajo doméstico como una cuestión que tiene que ver con el trabajo permite salir de la invisibilidad de la relación de trabajo que existe entre las empleadas domésticas y sus empleadores y favorece un enfoque basado sobre la defensa de los derechos. Se constata sin embargo que al focalizar la atención sobre la cuestión del trabajo, la convención oculta otras cuestiones como las de la división sexual e internacional del trabajo.

Trabajadoras domésticas — Organización internacional del trabajo — Movimientos de mujeres — Globalización del trabajo — Mujeres y migraciones

Umut Erel — Visibilizar el activismo de la mujeres migrantes

Las mujeres migrantes se colocan generalmente en los márgenes de la representación política en su país de residencia. Sin embargo, el hecho de hacer visible su activismo político puede ayudar a cuestionar ciertas concepciones reducidas de la ciudadanía. Basado sobre los relatos de vida de mujeres migrantes originarias de Turquía, este artículo muestra las evoluciones del campo y de los sujetos políticos elaborados por las mujeres migrantes en Alemania en los años 1990. De un lado, examina cómo las mujeres migrantes cuestionan el ideal de una identidad política ‘auténtica’, en vigor en el país de origen; de otra parte, estudia la constitución de un sujeto político conscientemente interétnico por las mujeres migrantes y negras.

Mujeres y migraciones — Alemania — Turquía — Ciudadanía — Movimientos de mujeres — Racismo

Cassandra Ellerbe-Dueck — Reivindicaciones políticas y emancipación de las mujeres negras en Alemania y en Austria

Este articulo analiza el proceso de creación del Black European Women’s Council (BEWC, el Consejo europeo de las mujeres negras) y la movilización política de las mujeres de la diáspora negra africana en Alemania y en Austria. A partir del estudio de caso del BEWC, sostengo que esa estructura, que federa las organizaciones de mujeres políticamente activas en Alemania, en Austria y en Europa, contribuye a crear un espacio de seguridad y las condiciones de su emancipación. Considero también que el BEWC se inscribe en la continuidad del activismo político ignorado de las militantes negras comprometidas en las luchas por la justicia social iniciadas al final de los años 1970 en Europa.

Alemania — Austria — Movimientos de mujeres — Interseccionalidad — Emancipación — Racismo

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Samuel Julhe y Stéphanie Mirouse — Hacia la maestría de la exuberancia corporal infantil: la ‘puesta en cintura’ de muy jóvenes bailarinas

El baile, tomado en su sentido amplio, es a menudo considerado como un ejemplo típico de actividad ociosa llevando a la inculcación precoz de normas corporales propias a lo ‘femenino’. Sin embargo, pocos trabajos se han interesado específicamente a los primeros tiempos de aprendizaje de esa disciplina. Este trabajo apunta a rendir cuentas de una investigación etnográfica llevada a cabo en dos estructuras asociativas de educación coreográfica. Dos grupos de jóvenes bailarinas, de 4 a 11 años, fueron seguidos en sus primeras lecciones de iniciación o después unos años de práctica. Al cruce de una sociología de la socialización y de una sociología de la infancia, este artículo se enfoca más particularmente sobre las modalidades de la sociología corporal de las chiquillas y de la apropiación progresiva de elementos susceptibles de constituirlas en ‘clase de sexo’.

Baile — Infancia — Socialización corporal — Corporalidad — Exuberancia física — Identidades sexuadas — Normas

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Danièle Combes — Opresión de las mujeres y solidaridad de pareja

Auteur•es

Giovanna Campani, docteure en ethnologie, est professeure d’éducation interculturelle et d’anthropologie du genre à l’Université de Florence (Italie); coordinatrice et partenaire de plusieurs projets européens portant sur les migrations internationales, les migrations féminines et les processus d’inclusion et d’exclusion des minorités. Elle est auteure de plusieurs publications, parmi lesquelles :
— (2010) (ed). Genere e globalizzazione. Pise, ETS.
— (2011). Precarious Migrant Labour in Europe (avec Mojca Pajnik). Lubjiana, Peace Institute.

Christine Catarino est chercheuse contractuelle. Elle a notamment participé aux recherches européennes FeMiPol (2006-2008) et EthnoGeneration (2003-2005) portant respectivement sur l’intégration des femmes immigrées et l’entrepreneuriat immigré étudié dans une perspective de genre. Ses centres d’intérêt se rapportent essentiellement aux questions d’intersectionnalité, de travail et de migrations. Parmi ses publications figurent :
— (2005). « Femmes, genre, migration et mobilités » (avec Mirjana Morokvasic et Marie-Antoinette Hily, eds). Revue européenne des migrations internationales, vol. 21, n° 1.
— (2010). “Ongoing Gendering and Ethnicising Processes: The Case of Recent Female Migration to Portugal”. Slany Krystyna, Kontos Maria, Liapi Maria (eds). Women in New Migrations. Current Debates in European Societies. Cracovie, WUJ.

Cassandra Ellerbe-Dueck a étudié à l’Université Paris 8 et à la Ludwig-Maximilians-Universität à Munich, Allemagne (Magister). En 2006, elle a soutenu une thèse de doctorat en anthropologie et études culturelles comparatives à l’Université de Gand en Belgique. Entre juillet 2007 et avril 2010, elle a réalisé une recherche post-doctorale (SeFoNE) dans le cadre du sixième programme cadre de la Commission européenne. Actuellement, elle est responsable de la diversité à la Ville de Mannheim en Allemagne. Elle a récemment publié :
— (2011). “The Black European Women’s Council: ‛Thinking oneself into the New Europe’”. African and Black Diaspora: An International Journal, vol. 4, n° 2, July.
— (2011) “The Networks and ‛Safe Spaces’ of Black European Women in Germany and Austria”.  In Armbruster Heidi, Meinhof Ulrike Hanna (eds). Negotiating Multicultural Europe: Border, Networks and Neighbourhoods. Basingstoke, Palgrave Macmillan.

Umut Erel est chercheuse au Centre for Citizenship, Identities and Governance et chargée de cours à la Faculty of Social Sciences à la Open University de Milton Keynes (Royaume-Uni). Ses travaux portent sur les migrations, l’ethnicité, le genre et la classe, la culture et les re­présentations d’un point de vue empirique et théorique. Elle travaille actuellement sur la citoyenneté des mères migrantes. Parmi ses der­nières publications :
— (2009). Migrant Women Transforming Citizenship. Aldershot, Ashgate.
— (2010). “Migrating Cultural Capital: Bourdieu in Migration Studies”. Sociology, vol. 44, n° 4.

Samuel Julhe est maître de conférences, Équipe « Vie sportive, trajectoires, interventions, innovations », Université Bordeaux Segalen. Ses recherches actuelles portent, d’une part, sur la socialisation des publics enfantins et juvéniles aux pratiques culturelles et sportives ; d’autre part, sur la professionnalisation du secteur de l’animation socioculturelle et sportive. Parmi ses publications :
— (2010). « Entrer dans la danse : divergence des ‘systèmes de pertinence’ entre enfants, parents et enseignants » (avec Stéphanie Mirouse). Revue française de pédagogie, n° 170.
— (2011). « Le judo et l’enfant. Regards et pratiques d’enseignants ». In Loudcher Jean-François, Renaud Jean-Nicolas (eds). Éducation, sports de combat et arts martiaux. Grenoble, PUG « Sports, cultures, sociétés ».

Danièle Kergoat est sociologue, directrice de recherche émérite au CNRS. Elle a créé le GEDISST (Groupe d’étude sur la division sociale et sexuelle du travail), premier laboratoire français travaillant centrale­ment sur les rapports sociaux de sexe. Elle a également créé le Réseau thématique de l’Association française de sociologie intitulé « Genre, classe, race. Rapports sociaux et construction de l’altérité ». Elle a publié des ouvrages sur les ouvrières, le travail à temps partiel, le mouvement des infirmières de 1989, la division sexuelle du travail. Ses recherches sont centrées sur le genre et les rapports sociaux de sexe, le travail, le concept de rapport social, les mouvements sociaux. Parmi ses publications :
— (2009). Chemins de l’émancipation et rapports sociaux de sexe (avec Philippe Cardon et Roland Pfefferkorn, eds). Paris, La Dispute « Le genre du monde ».
— (2012). Se battre, disent-elles. Paris, La Dispute « Le genre du monde ».

Hélène Yvonne Meynaud est sociologue et chercheuse associée au laboratoire CRESPPA-GTM du CNRS. Elle est juge des Prud’hommes au Conseil de Boulogne-Billancourt (section encadrement). Ses recherches portent d’une part sur l’opinion publique (usages idéologiques, outils de mesure, importance économique du secteur, impacts sur le mouve­ment social). D’autre part, elle s’intéresse aux rapports sociaux de sexe, de ‘race’ et de classe, à leurs interactions dans le domaine du travail, et procède à une critique des comptages ‘ethniques’ et des catégorisations afférentes. Elle est notamment l’auteure de :
— (2007). Les sondages d’opinion (avec Denis Duclos). Paris, La Découverte « Repères », n° 38.
— (2010). La part de l’étranger.e : travail et racisme. Lormont, Le bord de l’eau.

Adelina Miranda, sociologue et anthropologue, est chercheuse à la Faculté de sociologie de Naples et membre du CRESPPA-GTM. Elle enseigne aux universités Federico II-Naples et Paris 8 et elle est actuellement co-responsable du Réseau thématique 2: « Migrations, internationalisation, altérité » de l’Association française de sociologie. Ses recherches portent notamment sur le genre et les migrations dans l’aire méditerranéenne. Parmi ses publications :
— (2008). Migrare al femminile. Dinamiche culturali e appartenenza di genere in situazioni migratorie. Milan, McGraw-Hill.
— (2011). Pensare e ripensare le migrazioni (avec Signorelli Amalia, eds). Palermo, Sellerio.

Stéphanie Mirouse est doctorante en STAPS ( sciences et techniques des activités physiques et sportives) et allocataire de recherche au laboratoire « Sports, organisations, identités », Université Paul Sabatier – Toulouse III. Ses travaux sont principalement axés sur la danse, une thématique abordée soit comme une pratique professionnelle et mise en relation avec les politiques de soutien à l’œuvre, soit comme une pratique amateur et socialisatrice chez les jeunes enfants. Elle a récemment publié :
— (2009). « Premières leçons de danse. La maîtrise de l’exubérance corporelle en question » (avec Samuel Julhe). Repères. Cahier de danse, n° 24.
— (2010). « Vocation artistique et rationalisation du travail : ethno­graphie d’une compagnie de danse contemporaine » (avec Nadine Haschar-Noe). Sciences sociales et sports, n° 3.

Mirjana Morokvasic est sociologue, directrice de recherche émérite au CNRS, Institut des sciences sociales du politique (ISP), Université Paris Ouest Nanterre la Défense. Ses recherches et nombreuses publi­cations portent sur les migrations transnationales, processus identitaires et genre. Elle a enseigné en France et à l’étranger : elle a été, entre autres, Marie Jahoda Professor à l’Université de Ruhr – Allemagne, et professeure invitée à Institute of Gender Studies, Université Ochanomizu, Tokyo. Pour plus d’informations :
http:/.isp.cnrs.fr/equipe/morokvasic.htm

Nouria Ouali est sociologue, chargée de recherche au Centre METICES (Migrations, espaces, travail, institutions, citoyenneté, épistémologie, santé) de l’Université libre de Bruxelles depuis 1990, et maîtresse de conférence à l’Université Lumière Lyon 2. En 2003, elle a créé le Groupe d’études et de recherches  « Genre et migration ». Elle coor­donne l’étude européenne NEWS sur la place des femmes minoritaires à l’université et dans la recherche. Elle a participé à et coordonné de multiples recherches interdisciplinaires nationales et européennes. Elle a édité plusieurs ouvrages et publié de nombreux articles et chapitres d’ouvrage dans des publications nationales et internationales, parmi lequels :
— (2004). (ed). Trajectoires et dynamiques migratoires de l’immigration marocaine de Belgique. Louvain-La-Neuve, Academia-Bruylant.
— (2012). “Migrant Women in Belgium: Identity versus Feminism”. In Tibe Bonifacio Glenda (ed). Feminism and Migration: Cross-cultural Engagements. New York,  Springer (à paraître).

Helen Schwenken est professeure assistante en science politique à la University of Kassel, Allemagne et membre du Interdisciplinary Working Group on Women and Gender Studies, University of Kassel. Au sein du International Center for Development and Decent Work, elle coordonne des projets de recherche sur les organisations de tra­vailleurs domestiques. Ses recherches portent sur la théorie féministe internationale, les migrations et les mouvements sociaux. Elle a notamment publié :
— (2006). Rechtlos, aber nicht ohne Stimme. Politische Mobilisierungen um irreguläre Migration in die Europäische Union. Bielefeld, Transcript.
— (2011). Domestic Workers Count. Global Data on an often Invisible Sector (avec Lisa-Marie Heimeshoff, eds). Kassel, Kassel University Press.

Cahiers du Genre n°51/2011

septembre, 270 p.

ISSN  1165-3558 — ISBN   978-2-296-56712-2