Politiques de la représentation et de l’identité. Recherches en gender, cultural, queer studies

Coordonné par Madeleine Akrich, Danielle Chabaud-Rychter et Delphine Gardey

Ce numéro est consacré aux gender, cultural et queer studies, à la façon dont elles bousculent et interrogent nos disciplines. D’une contribution à l’autre, d’un déplacement à l’autre, des voies, des modes de théorisation et d’action pour saper les mises en ordre du monde instituées se dessinent, démultipliant des formes de vie et dessinant des micropolitiques qui visent à transformer la représentation, les normes et le sens.

Introduction

Vous trouverez, en suivant ce lien, l’Introduction en version pdf

Sommaire

Dossier

Madeleine Akrich, Danielle Chabaud-Rychter, Delphine Gardey
Introduction [p. 5-14]

Judith Butler
Préface à la seconde édition (1999) de Gender Trouble. Feminism and the subversion of identity [p. 15-42]

Liane Mozère
Devenir-femme chez Deleuze et Guattari. Quelques éléments de présentation [p. 43-62]

Geneviève Sellier
Gender studies et études filmiques [p. 63-85]

Maneesha Lal
Politiques médicales et politiques du genre dans l’Inde coloniale : le Fonds de la comtesse de Dufferin,
 1885-1888 [p. 87-126]

Ingunn Moser
De la normalisation aux cyborg studies : comment repenser le handicap [p. 127-162]

Cynthia Kraus
Anglo-American Feminism made in France : crise et critique de la représentation [p. 163-189]

Hors-champ

Anouk Guiné
Multiculturalisme et genre : entre sphères publique et privée [p. 191-211]

Lecture d’une œuvre

Béatrice Appay
Delphy, un apport incontournable à la sociologie [213-221]

Notes de lecture

— Madeleine Hersent et Claude Zaidman (eds). Genre, travail et migrations en Europe (Isabelle Rigoni)

— Éliane Gubin, Catherine Jacques, Florence Rochefort, Brigitte Studer, Françoise Thébaud et Michelle Zancarini-Fournel (eds). Le siècle des féminismes (Delphine Naudier)

— Jacqueline Coutras. Les peurs urbaines et l’autre sexe (Danièle Kergoat)

— Laroussi Amri. La femme rurale dans l’exploitation familiale. Nord-Ouest de la Tunisie. Pour une sociologie des ruptures (Marguerite Rollinde)

Dialogue « Les grands-parents » (Isabelle Bertaux-Wiame)

— Michèle Ferrand. Féminin Masculin (Agathe Gestin)

— Catherine Marry. Les femmes ingénieurs, une révolution respectueuse (Catherine Nave-Bekhti)

— Claire Cossée, Emmanuelle Lada et Isabelle Rigoni (eds). Faire figure d’étranger. Regards croisés sur la production de l’altérité (Stéphane Le Lay)

[Notes de lecture — p. 223-251]

Notes de lecture numéro 38

Résumés

Judith Butler — Préface à la seconde édition (1999) de Gender Trouble. Feminism and the subversion of identity

Qu’est-ce que le genre ? Dans ce livre, publié pour la première fois en 1990, Judith Butler affirme que le genre n’exprime pas une essence, une disposition naturelle — le sexe —, mais qu’il est l’effet, naturalisé, stabilisé et sédimenté d’une performance. Cela veut dire qu’il n’y a pas de genre avant ou en dehors des pratiques qui le produisent, de manière soutenue et répétée. Cette répétition a la force performative d’un rite convenu par l’hétérosexualité obligatoire. Mais c’est aussi pour cette même raison que la répétition est, en puissance, toujours subversive. Cette affirmation radicale a des conséquences fondamentales sur notre manière d’envisager le sexe biologique, les identités de genre, le désir et la sexualité. La question n’est plus tant d’abolir le pouvoir, le genre, ou même le sexe, de faire table rase, comme si c’était possible, mais de les reprendre « de travers », par le détournement de sens, le foisonnement des pratiques et la subversion des identités.
Dans ce livre désormais classique pour les recherches féministes, les études genre, les études gaies et lesbiennes, et fondateur de la théorie queer, Butler cherche à identifier les tactiques, locales, pour subvertir l’hétérosexualité obligatoire en exploitant les failles de ce régime politique. Elle donne la réplique à Michel Foucault, Sigmund Freud, Luce Irigaray, Julia Kristeva, Claude Lévi-Strauss, Monique Wittig pour repenser, avec et contre eux, les liens entre le sexe, le genre et la sexualité. En jetant le trouble dans nos catégories fondamentales de pensée et d’action, elle explore une voie nouvelle où la subversion des normes hétérosexuelles peut devenir une façon de dénaturaliser ces mêmes normes, de résister au pouvoir pour, finalement, ouvrir le champ des vies possibles.

Cet article a été publié en prépublication à la version française complète de l’ouvrage (La Découverte, mars 2005)

Genre — Sexualité — Queer — Norme hétérosexuelle — Subversion — Performance — Post-structuralisme — Subjectivité

Liane Mozère — Devenir-femme chez Deleuze et Guattari. Quelques éléments de présentation

Reprenant les analyses développées par Gilles Deleuze et Félix Guattari, cet article présente et interroge le concept de devenir-femme. Des féministes anglo-saxonnes (Buchanan, Colebrook 2000) ont critiqué la première lecture très négative que les féministes avaient faite de ce concept. L’auteure amorce ici une proposition de lecture qui s’appuie sur le fait qu’être femme favorise mais ne garantit pas nécessairement un devenir-femme, que Deleuze et Guattari définissent bien davantage comme un autre rapport à soi et au monde, une « autre manière de sentir » et d’être affecté. Ce texte n’est qu’un work in progress qui sera poursuivi pour mieux cerner et montrer la richesse d’un tel concept pour les femmes, les hommes, et le féminisme.

Normes — Devenir — Minorités — Résistances — Subversion — Identités — Désir — Institutions — Micropolitique

Geneviève Sellier — Gender studies et études filmiques

Constatant la résistance des études filmiques aux gender studies en France, l’article montre le lien entre la cinéphilie — invention française — et une vision masculine de la création, prônant une esthétique formaliste et un panthéon de « grands auteurs » masculins. En revanche, les gender studies, en plein développement dans les pays anglophones, mettent en avant la dimension sexuée des productions filmiques et le rapport de domination qui s’y construit. Nées dans les années soixante-dix, ces recherches proposent une analyse critique du cinéma hollywoodien dominant, une redécouverte des femmes cinéastes et des genres destinés aux femmes au cinéma, puis à la télévision, et prônent une attention nouvelle aux identités et aux rapports de sexe dans les représentations audiovisuelles ainsi que dans leur réception.

Cinéma — Gender studies — Cultural studies — Rapports de sexe — Domination masculine — Création — Cinéphilie

Maneesha Lal — Politiques médicales et politiques du genre dans l’Inde coloniale : le Fonds de la comtesse de Dufferin, 1885-1888

Le Fonds de la comtesse de Dufferin, ou Association nationale d’aide médicale aux femmes indiennes, a été fondé en 1885 par Lady Dufferin, vice-reine des Indes. Instituer pour dispenser des connaissances et une aide médicales aux Indiennes en finançant la formation d’un personnel médical féminin et en encourageant la construction d’hôpitaux pour les femmes et les enfants, le Fonds Dufferin révèle les liens qui, dans le domaine de la médecine féminine, rattachaient la Grande-Bretagne au joyau de ses colonies. Persuadés que les femmes hindoues et musulmanes ne feraient jamais appel à des médecins hommes, les Britanniques usèrent de cet argument pour offrir à leurs compatriotes de sexe féminin des possibilités d’étudier la médecine et de l’exercer, dans les colonies comme en métropole. Bien que théoriquement indépendant, le Fonds Dufferin a défendu les intérêts du gouvernement colonial britannique, lequel s’attribua le mérite de ses réalisations et présenta comme des bienfaits du pouvoir colonial l’introduction de la médecine moderne et les améliorations apportées au statut des femmes.

Cet article, dans une version plus longue, a été tout d’abord publié en 1994 sous le titre “The Politics of Gender and Medicine in Colonial India: The Countess of Dufferin’s Fund, 1885-1888”, dans le Bulletin of the History of Medicine, vol. 68, p. 29-66. © The John Hopkins University Press. Republié avec l’autorisation de l’éditeur.

Grande-Bretagne — Inde coloniale — Politiques coloniales — Médecines — Santé des femmes — Médecine féminine — Philanthropie

Ingunn Moser — De la normalisation aux cyborg studies : comment repenser le handicap

Dans cet article, sont passés en revue un ensemble de discours qui s’interrogent sur la question de ce qui est « humain » et « normal ». Il s’agit de savoir dans quelle mesure ils pourraient servir le projet de subvertir les normes de validité et de handicap et de reconsidérer ce qu’on estime humain, normal et valide. Je montre tout d’abord que la normalisation, comme stratégie pour l’insertion des personnes handicapées dans la communauté, essaie de les intégrer par des moyens relevant de manœuvres d’exclusion et qu’elle est donc vouée à l’échec. Le discours prothétique a l’intérêt de normaliser la prothèse, mais néglige de questionner le moi ou la subjectivité normative, et finalement reproduit la définition classique du sujet individualisé. En revanche, le discours de l’acteur-réseau abandonne le sujet humain individualisé comme seul point de départ possible et se questionne sur la manière dont ce type de représentation et de subjectivité peut exister. Le discours de l’acteur-réseau situe la validité et le handicap sur un pied d’égalité, comme résultant de la manière dont l’ensemble particulier de relations auxquelles nous participons est aménagé et organisé. Mais il ne peut rendre compte des efforts déployés par les personnes afin d’assurer une continuité et des relations entre les positions diverses qu’elles occupent dans les différents réseaux. Dans le discours cyborg, féministe et radical, le cyborg, que l’on s’est approprié, est distordu, transformé et redessiné pour nous aider à exprimer de nouvelles figures de la subjectivité et de l’humanité. Le cyborg nous aide à incorporer des subjectivités complexes, hétérogènes et en partie reliées, mais aussi une humanité plus ouverte et plus inclusive.

Normalisation — Handicap — Cyborg — Insertion sociale — Corps — Acteur-réseau — Technologie — Cyberculture — Subjectivité

Cynthia Kraus — Anglo-American Feminism made in France : crise et critique de la représentation

Cet article se propose d’analyser la nature et les modes de la résistance que rencontrent les productions intellectuelles anglo-américaines, en premier lieu dans le village des irréductibles Gauloises. Il examine comment la distribution d’oppositions dichotomiques (entre essentialisme et constructivisme, antiféminisme et féminisme, sexe et genre) selon l’axe transatlantique permet aux féministes françaises non seulement de déconstruire ce que les Américaines ont appelé French Feminism, mais aussi, surtout, de se définir elles-mêmes contre le premier. La rhétorique binationale permet aussi aux féministes françaises d’anglo-américaniser les questions féministes autour du concept de genre. Reformuler « le problème genre » comme un problème de représentation, devrait permettre de mieux voir comment l’Anglo-American Feminism made in France contient une crise de la représentation parmi les féministes ici et maintenant.

Représentation — Genre — French Feminism — Anglo-American Feminism — Politique de la science — Recherches féministes

*   *   *

Anouk Guiné — Multiculturalisme et genre : entre sphères publique et privée

Les tensions entre universalisme et particularisme posent la question des limites de la différence culturelle et du droit des membres d’un groupe ethnique à cette différence. Jusqu’où peut-on aller dans la reconnaissance et la protection des spécificités culturelles, donc des droits culturels du groupe ? Le droit à la reconnaissance est-il souhaitable dès lors qu’il restreint la liberté d’une partie des membres du groupe ? Certains courants de pensée britanniques sur la diversité culturelle relèguent celle-ci à la sphère privée, d’autres l’associent à la sphère publique. Dans les deux cas, la vision du groupe est homogénéisante, seule l’identité collective est prise en compte, au détriment du droit des individus et en particulier des droits individuels des femmes. À travers le cas de l’excision pratiquée en Grande-Bretagne dans l’immigration somalienne, il s’agit de montrer comment la compatibilité entre culture des spécificités et idéaux égalitaires relève de la responsabilité de l’État, et passe avant tout par la protection des individus lorsqu’une pratique coutumière les met en danger.

Multiculturalisme — Grande-Bretagne — Public — Privé — Excisin — « Race » — Ethnicité — Politiques migratoires — Somalie

Abstracts

Identity and representation politics.
Research in gender, cultural, queer studies

Judith Butler — Preface to the second edition (1999) of Gender Trouble. Feminism and the subversion of identity

What is gender? In this book, published first in 1990, Judith Butler states that gender does not express the essence, a natural disposition — the sex — but is the naturalised, stabilised and silted up effect of a performance. This is to say that there is no gender before the practices that produce it in a repeated and constant fashion. This repetition has the performativity of a necessary rite for compulsory heterosexuality. But it is also for the same reason that repetition is always, potentially, subversive. This radical statement has deep-going consequences on our way of understanding biological sex, gender identities, desire and sexuality. The question is not so much to abolish power, gender or even sex, to sweep everything away, as if that was possible, but to take them “backwards” by redirecting our senses, a flowering of different practices, and subverting identities.
In this book, now a classic for feminist research, gender studies, gay and lesbian studies and a founding stone of queer studies, Butler seeks to identify the local tactics, for subverting compulsory heterosexuality by exploiting the cracks in this political regime. She takes up Michel Foucault, Sigmund Freud, Luce Irigaray, Julia Kristeva, Claude Lévi-Strauss, Monique Wittig in order to rethink, with and against them, the links between sex, gender and sexuality. By troubling our fundamental categories of thought and action she explores a new path where the subverting of heterosexual norms can become a way of denaturing those same norms, resisting power in order, in the end, open the field to possible lives.

Liane Mozère — Becoming a woman in Deleuze and Guattari

Taking the analyses developed by Gilles Deleuze and Félix Guattari, this article presents and questions the concept of becoming a woman. Anglo-Saxon feminists (Buchanan, Colebrook 2000) have criticised the first very negative reading that feminists made of this concept. The author starts here a reading that is based on the fact that being a woman helps but does not guarantee becoming a woman, Deleuze and Guattari define this much more as another relationship to oneself and the world, “another way of feeling” and to be affected. This text is only a work in progress that should be continued to better understand and show the richness of such a concept for women, men and feminism.

Geneviève Sellier — Gender studies and film studies

Noting the resistance of film studies to gender studies in France, this article shows the link between “cinephilia” — a French invention — and a masculine vision of creation, glorifying a formalist aesthetic and a masculine pantheon of masculine auteurs. Gender studies on the other hand, which are in full swing in English-speaking countries, highlight the gendered dimension of film production and the relations of domination that exist in the sector. Creation of the 1970s, this field of research offers a critical analysis of Hollywood cinema, a rediscovery of women film-makers and of genres addressed to women, first in the cinema and then in television, and advocates giving renewed attention to sex and gender identities and relations in audiovisual representation and in their reception.

Maneesha Lal — The politics of gender and medicine in Colonial India: The Countess of Dufferin’s Fund, 1885-1888

The Countess of Dufferin’s Fund, or the National Association for Supplying Female Medical Aid to the Women of India, was established in 1885 by Lady Dufferin, vicereine of India. Set up to provide medical knowledge and aid to Indian women by financing the training of female medical personnel and promoting the construction of hospitals for women and children, the Dufferin Fund reveals the ideological and structural links between Great Britain and her jewel colony in the arena of women’s medicine. The English belief that Hindu and Muslim women would not see male physicians became a key argument in promoting opportunities for British women in medical education and employment, in the colonies and at home. Although formally independent, the fund advanced the interests of the British colonial government, which took credit for the fund’s accomplishments and cited modern medicine and improvement in the status of women as benefits of colonial rule.

Ingunn Moser — From normalisation to cyborg studies: Rethinking disability

In this essay I have surveyed a set of somewhat overlapping discourses which question what is human and normal. I have explored whether and how they can be appropriated for a project to subvert the norms of ability and disability, and to refigure what counts as human, normal and abled. As I argue here, normalisation — as a strategy to include disabled people into the community — attempts to include by means of an exclusive manoeuvre, and thus is doomed to fail. Prosthetic discourse normalises the prosthesis, but neglects to query the self or normative subjectivity, and allows the individualised human actors to stand centre stage. In contrast, the actor-network discourse abandons the individualised human subject as the only possible starting point, and asks how this kind of agency and subjectivity is rendered possible. Actor-network discourse places ability and disability on an equal footing, as the result of how specific sets of relations of which we are part, is arranged and organised. But still, the actor-network discourse cannot account for the struggles to create continuity and to establish connections — the struggles to retain one’s place in a few subject positions and to create connections between them. This struggle is possible from within the cyborg discourse: in this feminist and radical discourse, the cyborg is appropriated, twisted, turned and refigured to help us articulate new figures of subjectivity, as well as of humanity. Cyborg help us to embody complex, heterogeneous, partially related subjectivities, as well as a more open and inclusive humanity.

Cynthia Kraus — Anglo-American Feminism made in France: Crisis and critique of representation

This article sets out to analyse the nature and forms of the resistance which Anglo-American productions encounter, first of all in the village of the undefeated Gallic women. It studies how the distribution of dichomotic oppositions (between essentialism and constructivism, anti-feminism and feminism, sex and gender), depending on the transatlantic positioning, makes it possible for French feminists no only to deconstruct what Americans have called French Feminism, but above all to define themselves against the former. The binational rhetoric also makes it possible for French feminists to Anglo-Americanise feminist questions around the gender concept. Reformulating the “gender problem” as a problem of representation should make it possible to see better how Anglo-American feminism made in France contains a crisis of representation among feminists in the here and now.

*  *  *

Anouk Guiné — Multiculturalism and gender: Between the public and private spheres

The tensions between universalism and specificity pose the question of the limits of cultural difference and the right of members of an ethnic group to their difference. How far can we go in the recognition and protection of cultural specificities, thus of the cultural rights of a group? Is the right to recognition desirable if it restricts the freedoms of some members of the group? Some British currents of thought on cultural diversity relegate this to the private sphere, others to the public sphere. In both cases the vision of the group is homogenising, only the collective identity is taken into account to the detriment of individual rights and in particular the individual rights of women. Through the case of excision practised in Britain within the Somali immigrant community the article shows how the compatibility between the culture of specificities and egalitarian ideals comes under the responsibility of the state and requires above all the protection on individuals when a customary practice puts them in danger.

Resúmenes
Auteur•es

Madeleine Akrich est sociologue, directrice du Centre de sociologie de l’innovation (École nationale supérieure des Mines de Paris). Ses travaux portent sur la sociologie des techniques, et se concentrent actuellement sur le domaine de la santé et de la médecine.
— (1996). Comment la naissance vient aux femmes. Les techniques de l’accouchement en France et aux Pays-Bas (avec Bernike Pasveer). Paris, Les Empêcheurs de penser en rond.
— (1999). « La péridurale, un choix douloureux ». Cahiers du genre, n° 25 « De la contraception à l’enfantement. L’offre technologique en question » (Akrich Madeleine, Laborie Françoise, eds).

Béatrice Appay est sociologue, chercheuse au CNRS et membre du Centre de recherche sur les liens sociaux (CERLIS) de l’université Paris 5. Ses recherches portent sur les transformations actuelles du travail, la précarisation et l’autonomie contrôlée.
— (2002). « Vers une nouvelle rationalisation du travail ? Le cas de la grande distribution ». Sociologia del lavoro, vol. 1, n° 85.
— (2004). L’autonomie contrôlée et la précarisation sociale. Contribution à l’analyse des conséquences de la concentration économique sur le travail. Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines. Habilitation à diriger des recherches (3 vol.).

Judith Butler est Maxine Elliot Professor dans les départements de rhétorique et de littérature comparée à l’université de Berkeley en Californie (États-Unis). Elle a publié plusieurs livres et de nombreux articles sur la philosophie, la théorie féministe et la théorie queer.
— (2004). Undoing Gender. Boca Raton (Fla.), Routledge, Taylor & Francis Group.
Parmi ses publications en français (cf. la bibliographie de son texte dans ce numéro) :
— (2002). Marché au sexe (avec Gayle Rubin). Paris, Epel.

Danielle Chabaud-Rychter est sociologue au laboratoire Genre, travail, mobilités (CNRS, universités Paris 10 et Paris 8 – ex GERS, Genre et rapports sociaux). Ses recherches portent sur l’innovation de produits dans les industries de consommation et sur les relations entre letechniques et le genre. Elle travaille actuellement sur l’analyse sensorielle et sa normalisation, et sur l’usage des techniques domestiques.
— (1997). « L’industriel et le domestique dans la conception d’appareils électroménagers ». Cahiers du Gedisst, n° 20 « Genre et techniques domestiques » (Chabaud-Rychter Danielle, ed).
— (2002). « La neutralité des techniques à l’épreuve de la critique » (avec Delphine Gardey). In Chabaud-Rychter Danielle, Gardey Delphine (eds). L’engendrement des choses. Des hommes, des femmes et des techniques. Paris, Éditions des archives contemporaines.

Delphine Gardey est historienne et sociologue au Centre de recherche en histoire des sciences et des techniques (Cité des sciences et de l’industrie/CNRS). Ses travaux portent sur l’histoire et la sociologie du travail, des techniques et du genre et sur les relations sciences/genre/technique. Elle travaille actuellement sur trois chantiers principaux : les techniques d’information (1880-1940) ; la sténographie comme technologie démocratique (autour du compte rendu des Débats à l’Assemblée nationale) ; le corps féminin aux prises avec les technologies du vivant au XXe siècle.
— (2000). L’invention du naturel. Les sciences et la fabrication du féminin et du masculin (avec Ilana löwy, eds). Paris, Éditions des archives contemporaines.
— (2001). La dactylographe et l’expéditionnaire. Histoire des employés de bureau (1890-1930). Paris, Belin.

Anouk Guiné est doctorante en études de genre et études anglophones à l’université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand. Ses travaux portent sur : multiculturalismes, ethnicité, racialisation, politique d’appartenance, genre et citoyenneté.
— (2000). “ ‘Mutilación Genital Femenina’ y Ley en Gran Bretaña”. Symposium O Desafio da Diferença: Articulando Raça, Clase e Gênero, Université fédérale de Bahia (UFBA), Brésil, Avril. CD-ROM, Institute of Latin American Studies, University of London, School of Advanced Study.
— (2003). « État, droits des individus et droits culturels : l’excision en Grande-Bretagne aujourd’hui ». In Spensky Martine (ed). Citoyenneté(s). Perspectives internationales. Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal – CRCEMC.

Cynthia Kraus est philosophe. Actuellement maître de conférence, elle enseigne la « Sociologie des sciences dans une perspective de genre » à l’Institut de sociologie des communications de masse de l’Université de Lausanne (UNIL), Suisse. Elle enseigne aussi à la Faculté de Biologie et de Médecine de l’UNIL avec un module intitulé « La science a-t-elle un sexe ? » De 1997 à 2000, Visiting Scholar au département de rhétorique de l’Université de Berkeley en Californie (États-Unis) dans un laboratoire spécialisé dans l’étude du gène qui code pour le sexe de la drosophile. Membre du comité de rédaction de la revue Nouvelles questions féministes. Ses recherches se situent à l’intersection de la théorie féministe, de l’épistémologie et des études sociales des sciences.
— (2005). “Not-nothing: Of ‘Epistemic Covetousness’ in Knowledge Economies”. À paraître dans “After Social Construction”. A Journal of Knowledge, Culture and Policy, special issue.
— (2005). Traduction française de : Judith Butler (1999 [1990]). Gender Trouble. Feminism and the Subversion of Identity. New York, Routledge [à paraître : Paris, La Découverte, mars 2005 ; extraits parus en prépublication du livre dans Raisons politiques, vol. 12, n° 2, 2003]. 

Maneesha Lal enseigne l’histoire de l’Asie du Sud, l’histoire de la médecine, et l’histoire des femmes et du genre à Binghamton University (State University of New York, États-Unis). En France entre 1999 et 2003, elle a bénéficié de bourses postdoctorales du ministère de la Recherche français et a travaillé à l’Institut de recherches avancées de l’Université Columbia à Reid Hall (Paris) ; elle a également eu une bourse de la Fondation Wellcome Trust à Londres. Elle termine un ouvrage sur l’histoire des femmes médecins en Inde coloniale.
— (2003). “ ‘The Ignorance of Women is the House of Illness’: Gender, Nationalism and Health Reform in Colonial North India”. In Andrews Bridie, Sutphen Mary P. (eds). Medicine and Colonial Identity. London, Routledge.
— (2005). “Purdah as Pathology: Gender and the Circulation of Medical Knowledge in Late Colonial India”. In Hodges Sarah (ed). Reproductive Health in India: History, Politics, Controversies. New Delhi, Orient Longman.

Ingunn Moser est chercheuse associée au Centre for Technology, Innovation and Culture de l’Université d’Oslo en Norvège. Elle mène depuis plusieurs années des recherches sur le handicap, avec un intérêt particulier pour les relations entre technologies, corps et subjectivité.
— (2003). Road Traffic Accidents: The Ordering of Subjects, Bodies and Disability. Unipub Forlag, Oslo [Thèse de doctorat publiée].
Dans le contexte de ce numéro des Cahiers du genre, les lecteurs pourront aussi être intéressés par :
— (à paraître). “Sociotechnical Practices and Difference: On the Interferences between Disability, Gender and Class”. Science, Technology and Human Values.

Liane Mozère est professeure de sociologie à l’université de Metz, membre de l’Équipe de recherche d’anthropologie et de sociologie de l’expertise (ERASE, Metz), et membre associée à l’Institut de recherche interdisciplinaire en socioéconomie (IRIS, université Paris 9 – Dauphine). Ses travaux portent sur le changement social et la manière dont il s’articule avec des modes de subjectivation chaque fois singuliers. Différents champs empiriques sont ainsi analysés : petite enfance, genre, migrations, mondialisation, mutations urbaines, développement et économies souterraines.
— (2004). « Des domestiques philippines à Paris : un marché mondial défini en termes de genre ? » Journal des Anthropologues, n° 96-97.
— (2005). “Philippino Women as Entrepreneurs of themselves in Paris: A National or Transnational Labour-Market?” In Hillmann Vannaerssen. Ethnic Entrepreneurship. New york, Routledge.

Geneviève Sellier est professeure en études cinématographiques à l’université de Caen. Ses travaux portent sur « analyse gender des représentations dans le cinéma français des années trente à la Nouvelle Vague » ; « analyse socio-sexuée de la réception des films dans la presse ‘sérieuse’ et ‘populaire’ ».
— (eds) (2004). Culture d’élite, culture de masse et différence des sexes (avec Éliane Viennot). Paris, L’Harmattan « Bibliothèque du féminisme ».
— (2005). La Nouvelle Vague, un cinéma au masculin singulier. Paris, Éd. du CNRS.

Cahiers du Genre n°38/2005

mars, 270 p.

ISSN  1165-3558 – ISBN 2-7475-7991-3